Les choses s’accélèrent dans le Nord du Mali, prenant un caractère quasi-incontrôlable au moment où la communauté internationale hésite encore sur la démarche à adopter pour enrayer l’irrésistible somalisation du pays.
Sur place, les extrémistes islamistes ont commencé à détruire des symboles religieux et culturels de la cité millénaire de Tombouctou, après avoir neutralisé, une semaine auparavant, leurs alliés d’hier, les rebelles touaregs du MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad.
Conscients de la virulence de la menace terroriste et des risques d’une contagion rapide à tout le Sahel, les pays voisins du Mali penchent pour une prompte intervention contre les groupes jihadistes. Regroupés au sein de leur organisation régionale, les pays membres de la CEDEAO préparent l’envoi d’une force d’environ 3.300 hommes pour libérer le nord malien des mains d’Aqmi. Les dirigeants de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest se sont encore retrouvés le 29 juin dans la capitale ivoirienne, Yamoussoukro. Leur objectif est d’organiser une action pour enrayer la menace d’Ansar Dine, du MUJAO et des autres groupes terroristes. Si le France a assuré la CEDEAO de son soutien, les Etats-Unis, par contre, sont plus réticents à une intervention directe contre les groupes armés islamistes dans le nord du Mali. Washington estime en effet que les islamistes disposent d’importants armements repris à l’armée régulière malienne lors de leur offensive de mars dernier. De surcroît, les armes sophistiquées rapportées des arsenaux de Kadhafi lors de la guerre libyenne, font des groupes d’Ansar Dine et d’Aqmi de redoutables adversaires. Dans ces conditions, estime Washington, il serait hasardeux pour les 3000 hommes de la CEDEAO de s’attaquer de front à des groupes aussi bien retranchés. Le secrétaire d’Etat adjoint américain chargé des questions africaines, a précisé encore une fois la position des Etats-Unis sur la crise malienne. Lors d’une audition le 29 juin au congrès américain,
Johnnie Carson a estimé que la force africaine de la CEDEAO ne devait pas avoir un rôle offensif, mais plus tôt défensif.
L’objectif prioritaire, selon Washington, est d’aider à la stabilisation de la partie Sud du Mali en aidant les autorités de Bamako à s’organiser contre une éventuelle offensive d’Aqmi et des autres groupes armés. Et en attendant de voir plus clair du côté de la communauté internationale, le nord du Mali continue de s’enfoncer dans le chaos et le risque constant de somalisation.