Déjà exacerbée par des conditions climatiques difficiles, la crise alimentaire au Mali a encore augmenté d’intensité avec les troubles politiques dans le nord du pays. Le déplacement des populations, dû à la conjugaison de ces deux facteurs inquiète l’Algérie, qui se révèle une destination privilégiée pour ces réfugiés en quête de moyens de subsistance.
Sur les 250 000 maliens qui auraient fui les régions nord de leur pays depuis l’insurrection touarègue de janvier dernier, 30 000 se seraient installés dans le Sud algérien, selon Daho Ould Kablia, le ministre algérien de l’Intérieur. Leur prise en charge s’avère délicate pour les autorités algériennes qui sont obligées d’avoir recours à la fois au Croissant Rouge algérien, à la Protection civile et à l’armée. Pour éviter une aggravation de la situation, l’Algérie a tenté de prendre les devants pour traiter le mal à la racine. C’est dans ce but qu’une délégation du Croissant Rouge s’est rendue il y a une semaine à Gao pour agir en amont et tenter ainsi de fixer la population sur place. Mais intervenir à ce niveau n’est pas non plus aisé. Les algériens se trouvent confrontés aux mêmes difficultés que celles rencontrées par le Haut Conseil islamique et différentes ONG maliennes qui tentent de venir en aide aux populations locales, à savoir les problèmes de distribution. Car cette répartition de l’aide doit absolument passer par les islamistes qui ont la mainmise sur la région. Et le plus grave dans ce cas de figure, c’est de les voir distribuer cette aide uniquement à leurs partisans.
La crise alimentaire qui prévaut actuellement au Mali est la troisième en moins de sept ans. Aggravée par le conflit armé, elle risque de l’être encore plus par l’apparition des criquets pèlerins à la faveur des premières pluies, ce qui fait planer une grave menace sur ce qui reste des plantations et des pâturages.