L’ONG Human Rights Watch (HRW) déclare, dans un communiqué publié mardi sur son site, que des unités de l’armée nationale congolaise ont soutenu des groupes armés impliqués dans de graves exactions, lors du récent conflit avec les forces rebelles du M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
«Des unités de l’armée congolaise recourent de nouveau à la pratique discréditée et préjudiciable consistant à utiliser des groupes armés responsables d’abus comme supplétifs», dénonce Thomas Fessy, chercheur principal pour la RD Congo à Human Rights Watch, cité dans le communiqué.
L’ONG informe que les 8 et 9 mai derniers, les chefs de plusieurs groupes armés congolais, certains étant rivaux, se sont rencontrés dans la ville isolée de Pinga et ont conclu un pacte de non-agression, formant ainsi une coalition «patriotique» pour joindre leurs forces à celles de l’armée congolaise contre «l’agresseur», c’est-à-dire le M23 qui serait soutenu, selon Kinshasa par le Rwanda.
Ces groupes comprenaient, entre autres, l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), la Coalition des mouvements pour le changement (CMC/FDP) et la faction Nduma défense du Congo-Rénové (NDC-R).
Leur rencontre aurait enregistré la présence de plusieurs officiers de l’armée congolaise, emmenés par le colonel Salomon Tokolonga, alors en charge des opérations et du renseignement militaire du 3411ème régiment.
Mais il n’y a pas que des milices congolaises. Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe d’exilés rwandais hutus formé en 2000 en RDC et opposé au régime de Kigali, aurait aussi exercé aux côtés de l’armée congolaise, selon HRW. Deux commandants supérieurs des FDLR auraient été présents à la réunion qui a vu naître la coalition «patriotique».
L’ONG, qui a procédé à des enquêtes, souligne aussi que dans certains cas, des officiers de l’armée congolaise ont apporté un soutien direct aux groupes armés, et que depuis la fin du mois d’août, la plupart de ces groupes se sont retirés de leurs positions sur la ligne de front.
Pour HRW, «le gouvernement congolais devrait mettre fin à ce soutien, qui entraine une complicité de l’armée dans les exactions, identifier les officiers responsables et leur faire rendre des comptes».