Alors que les préparatifs de l’intervention militaire des pays de la CEDEAO progressent ostensiblement, le Burkina Faso et l’Algérie ont accueilli ce week-end des délégations d’Ansar Dine, le plus important des groupes islamistes armés qui contrôlent le Nord du Mali. Il a été vivement demandé au groupe d’Ansar Dine de se séparer d’AQMI pour se rallier à une solution négociée.
La délégation d’Ansar Dine à Ouagadougou a été dirigée par Algabass Ag Intalla, un des cadres du mouvement. Elle a rencontré plusieurs responsables. En premier lieu le président burkinabé Blaise Compaoré qui s’est vu confier par la CEDEAO le rôle de médiateur dans la crise malienne, ainsi que le ministre burkinabé des affaires étrangères Djibril Bassolé. Le Burkina Faso et l’Algérie, ce dernier pays étant farouchement opposé à une solution militaire, ont décidé d’unir leurs forces pour obtenir gain de cause. La démarche consiste à pousser les islamistes d’Ansar Dine à rompre définitivement leurs liens avec AQMI et le MUJAO, unanimement considérés comme terroristes. C’est la condition pour Ansar Dine d’intégrer le processus de négociations. Côté algérien, les avancées sont notables. Le quotidien El-Watan cite un « haut responsable algérien » selon qui les discussions auraient déjà beaucoup évolué dans ce sens, et d’après qui Ansar Dine devrait faire une déclaration officielle dans les prochains jours. Le mouvement y « prendra officiellement ses distances d’AQMI et acceptera de jouer le jeu de la démocratie ».
L’Algérie et le Burkina Faso sont bien conscients que l’usage de la force sera probablement inévitable pour écarter AQMI et le MUJAO. Mais un ralliement d’Ansar Dine réduira les forces des groupes alliés d’Al Qaïda. La course contre la montre est lancée, parallèlement à la poursuite des travaux des experts internationaux à Bamako pour mettre au point le concept d’intervention militaire dans le nord du Mali.