Le Burkina Faso a décidé de suspendre jeudi la chaîne française d’information LCI, dans un nouveau développement qui illustre le défi grandissant auquel fait face la présence de la France en Afrique.
La décision émane de l’autorité de régulation des médias du Burkina Faso, qui suspend LCI pendant trois mois, après les propos d’une journaliste sur la situation liée aux violences jihadistes qualifiés de « fausses informations ».
Les programmes de LCI « sont suspendus pour une durée de trois mois au Burkina Faso sur les bouquets de tout distributeur de services audiovisuels à péage à compter de la notification de la présente décision », indique le Conseil supérieur de la communication (CSC), dans un communiqué publié jeudi.
Le CSC reproche à LCI d’avoir affirmé que les « jihadistes avancent à toute vitesse en l’absence de tout Etat dans les localités conquises », d’avoir précisé, « sans mentionner de source, que 40% du territoire est occupé par les jihadistes » ou encore que « près de 90.000 civils appelés Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont utilisés comme de la chair à canon pour protéger les militaires burkinabè contre les terroristes ».
Début avril, les autorités du Burkina Faso avaient expulsé les correspondantes des quotidiens français Libération et Le Monde.
Fin mars, elles avaient ordonné la suspension sine die de la chaîne de télévision France 24, après avoir suspendu en décembre 2022 Radio France Internationale (RFI), médias publics français, accusés d’avoir relayé des messages de chefs jihadistes.
Le Burkina est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.
Tous les observateurs s’accordent sur le sentiment anti-français, qui va crescendo en Afrique avec le soutien de la Russie via Wagner et l’Iran avec ses milices et le Hezbollah libanais, ainsi que d’autres pays qui manipulent leurs hymnes nationaux, contre la politique que mène l’Etat français en Afrique.