Le maréchal Khalifa Haftar, considéré comme l’homme fort de l’Est libyen, effectue depuis mardi une visite en Russie. Il était venu pour discuter de la situation en Libye et des relations bilatérales avec les responsables russes, une visite d’importance capitale, selon les Forces armées arabes libyennes (LAAF).
Le maréchal Haftar a été accueilli par le vice-ministre russe de la Défense, Iounus-Bek Ievkourov, une personnalité ayant auparavant dirigé la république russe majoritairement musulmane d’Ingouchie.
C’est sur la page Facebook des LAAF que l’on découvre les sujets de ces entretiens d’importance : « l’évolution de la situation en Libye, les relations bilatérales et les moyens de les renforcer, ainsi que des dossiers d’intérêt commun. »
À noter que M. Ievkourov avait déjà effectué plusieurs visites dans l’est de la Libye pour rencontrer le maréchal Haftar. Leur dernière rencontre, en date du 17 septembre, s’était déroulée au quartier général des LAAF à Benghazi. Une rencontre qui avait eu lieu peu de temps après les tragiques inondations ayant causé de nombreuses pertes humaines et disparitions dans l’est de la Libye.
Cette démarche de la Russie, qui vise à renforcer sa présence diplomatique en Afrique afin de rivaliser avec les puissances occidentales, prend une ampleur considérable depuis son intervention en Ukraine en février 2022, événement qui l’a isolée sur la scène internationale et l’a conduite à rechercher de nouveaux alliés.
L’histoire retient également les liens étroits entre Moscou et le maréchal Haftar, en partie grâce à l’implication de mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner dans la tentative avortée de Haftar de prendre le contrôle de la capitale Tripoli, entre avril 2019 et juin 2020. Cette défaite avait été suivie par la conclusion d’un accord de cessez-le-feu en octobre 2020, un accord sous la supervision d’une commission militaire composée de cinq officiers de chaque camp.
Depuis lors, des centaines de membres de Wagner ont maintenu leur activité dans l’est de la Libye, particulièrement dans la région des terminaux pétroliers, et également dans le sud du pays, après que certaines de leurs forces aient été redéployées vers le Mali ou l’Ukraine pour combattre aux côtés de l’armée russe.
La Libye, marquée par des divisions depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, continue de subir le joug de deux administrations rivales : l’une basée à Tripoli, à l’ouest, sous la direction d’Abdelhamid Dbeibah et reconnue par l’ONU, tandis que l’autre, établie dans l’est du pays, est incarnée par le Parlement et affiliée au camp du maréchal Khalifa Haftar.