Algérie : L’intérêt des militaires pour un changement du président Tebboune

Les militaires, véritables détenteurs du pouvoir en Algérie, sont déterminés à remplacer le président Abdelmadjid Tebboune après un mandat unique et chaotique, dont les derniers soubresauts ont été les modifications introduites au sein de la présidence et du gouvernement sans l’aval de l’armée nationale populaire algérienne (ANP).

Ces changements sont motivés par des valeurs ou des positions jugées incompatibles avec celles du chef d’état-major le général Saïd Chengriha. Car, depuis l’indépendance, les militaires se considèrent traditionnellement comme les gardiens de la stabilité du pays.

Aujourd’hui, l’armée exprime son mécontentement à l’égard des politiques actuelles du chef de l’État, estimant qu’elles ne servent pas ses intérêts ou vont à l’encontre de ses objectifs.

Les manifestations de masse de 2019 avaient conduit à la démission du président Abdelaziz Bouteflika. Les militaires voient un changement du président Tebboune comme un moyen de rétablir l’ordre et de répondre à leurs exigences.

D’autre part, en plus de son rôle politique, l’armée détient d’importants intérêts économiques, notamment des entreprises et des investissements dans divers secteurs. Un changement de « leadership » vise à protéger et favoriser ces intérêts, tout en répondant partiellement aux demandes populaires et en maintenant le statu quo sur d’autres fronts.

Préoccupées par la stabilité en Algérie, des puissances étrangères incitent les militaires à changer de direction, dans l’espoir de réduire les tensions internationales et de renforcer les relations avec d’autres pays.

Selon diverses sources, les militaires cherchent à former des alliances politiques avec d’autres acteurs, tels que des partis politiques ou des personnalités influentes, pour soutenir un nouveau candidat à l’élection présidentielle prévue en 2024, aligné sur leurs intérêts.

Dans le processus électoral, les services de sécurité militaires exerceront leur influence pour garantir le succès du candidat favorable à l’armée.

Actuellement, les renseignements travaillent sur des stratégies de communication visant à justifier le changement présidentiel comme une réponse aux besoins de stabilité et de réformes du pays, tout en minimisant les perturbations politiques et répondant partiellement aux demandes de réformes.

Le département de presse et de communication de l’état-major algérien, relevant directement du général Saïd Chengriha, contrôle actuellement les médias, les réseaux sociaux et censure l’information pour façonner l’opinion publique et réduire la critique de leurs actions.

Par ailleurs, les organisations de la société civile et les défenseurs des droits de l’homme plaident en faveur d’un président civil élu démocratiquement pour mettre fin aux abus autoritaires.

Depuis l’indépendance en 1962, l’implication de l’armée algérienne dans la gouvernance politique et économique, est source de débats et de controverses qui continuent de préoccuper les Algériens.