Drogues : Comment les saisies massives de cocaïne en Afrique ont révélé les liens des groupes terroristes avec les Cartels Latino-américains

Les connexions complexes entre les groupes terroristes en Afrique et les Cartels en Amérique Latine sont devenues le danger émergent pour la sécurité de l’Europe et pour le continent africain, selon les experts des services de renseignement occidentaux.
Les cartels de la drogue, en particulier en Colombie et au Mexique, ont établi des itinéraires internationaux sophistiqués pour le trafic de drogue.
Ces réseaux fournissent un cadre logistique attractif pour les groupes terroristes en Afrique, qui cherchent à financer leurs activités par le biais du trafic de drogue. Appelés « routes de la cocaïne », ces itinéraires créent un lien direct entre les cartels sud-américains et les groupes terroristes opérant en Afrique.
Les saisies récurrentes de cocaïne dans plusieurs pays africains entre 2018 et 2023, ont soulevé des préoccupations croissantes quant à la montée du trafic de drogue et de ses liens avec des groupes terroristes bien connus, notamment Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Boko Haram, le Polisario et d’autres entités au Moyen-Orient comme le Hamas.
Rien qu’au cours des cinq dernières années, plusieurs pays africains ont signalé des saisies massives de cocaïne sur leur territoire. Dépassant souvent plusieurs tonnes, ces saisies soulèvent des inquiétudes quant à la montée du trafic de drogue à travers le continent. Les itinéraires empruntés par ces cargaisons révèlent des liens directs avec les cartels sud-américains, suscitant des interrogations sur l’ampleur de leur collaboration avec des groupes terroristes en Afrique.
Les récentes saisies de cocaïne en Afrique, suggèrent une implication accrue de ces groupes terroristes dans le trafic de drogue. Connus pour leurs activités terroristes au Sahel, ils semblent diversifier leurs sources de financement en exploitant les itinéraires établis par les cartels sud-américains.
Les fonds issus de ce commerce illicite, mais juteux, sont utilisés pour soutenir les opérations terroristes, l’achat de matériel militaire et pour étendre leur influence dans la région.
Les récentes saisies de cocaïne en Afrique soulignent l’urgence d’adopter des approches multidimensionnelles, allant de la lutte contre la corruption à la coopération internationale en matière de renseignement.
Les saisies de cocaïne sont révélatrices de l’ampleur du trafic: 12 345 kilos au Niger, plus de 4 000 kg au Sénégal, 900 kg dans le Golfe de Guinée, 12 000 kg saisis au large de l’Afrique de l’Ouest par la marine française, 115 118 kg au Burkina Faso, 160 kilos au Mali, 1800 kg au Nigeria, 4 000 kg au bénin, 292 kg au Togo, 1769 kg en Guinée-Bissau, 1 233 kg en Mauritanie, 16 000 kg au Cap Vert, 2 000 kg en Côte d’ivoire. Autant dire que ce trafic est devenu structuré en empruntant des itinéraires jusque-là insoupçonnés.
En 2018, Khaled Tebboune, le fils du président algérien Abdelmadjid Tebboune a été impliqué dans un trafic de 700 kilos de cocaïne avec Kamel Chikhi, un homme d’affaires algérien.
Les liens entre les cartels de la drogue et les groupes terroristes sont également facilités par la corruption au sein des gouvernements, du système judiciaire et des forces de l’ordre.
Des fonctionnaires et des hauts gradés militaires corrompus sont impliqués dans la protection des itinéraires de la drogue.
Iván Roberto Duque Gaviria, alias « Ernesto Báez », ancien chef du principal groupe paramilitaire dissous, Autodéfenses unies de Colombie (AUC), décédé à Medellín (nord-ouest), selon un de ses proches, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité, était en relation directe et étroite avec des membres du Polisario qui s’activaient en Amérique latine.
Ces liaisons dangereuses avec le Polisario étaient centralisées sur le trafic de drogue entre l’Amérique, la région sahélo-saharienne et l’Europe.
La menace du narcoterrorisme développé par ces réseaux hybrides qui ne sont pas uniformes, varient en fonction de régions spécifiques.
Selon un rapport mondial 2023 sur les drogues de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’Afrique de l’Ouest constitue une zone de transit pour la drogue en provenance de l’Amérique latine à destination de l’Europe.