A quelques mois de l’élection présidentielle anticipée, une tension palpable secoue les coulisses du pouvoir militaire en Algérie. L’armée, qui détient les rênes politiques, sécuritaires et économiques, se positionne en tant qu’acteur principal dans les décisions cruciales qui façonnent le destin du pays, selon les observateurs.
Mais au sein de cette puissante institution, deux factions rivales se disputent le contrôle et l’orientation de l’État, la faction pro-occidentale et la faction pro-orientale, alors que le général Saïd Chengriha, chef de l’armée nationale populaire algérienne (ANP), une figure clé dans le pouvoir, jongle entre ces deux parties influentes au sein de la grande muette, malgré les manigances de l’ex-patron des renseignements et de la sécurité (DRS), le général Mohamed Lamine Mediène, dit Toufik.
Les dissensions au sein de l’armée découlent en grande partie des parcours de ses officiers, formés dans des écoles militaires soit à l’Ouest, sous l’influence des grandes puissances occidentales, soit à l’Est, imprégnés des idéologies et des méthodes d’enseignement du bloc oriental.
L’actuel président, Abdelmadjid Tebboune, dont le mandat touche à sa fin, perçu comme trop aligné sur les intérêts de l’armée au détriment de la souveraineté nationale, se retrouve au cœur de cette tourmente politique.
L’approche de l’élection présidentielle révèle les rivalités politiques qui se sont intensifiées, alimentées par des intérêts divergents et des ambitions personnelles. Les partis politiques, les médias et les groupes d’influence se positionnent avec fébrilité, cherchant à tirer parti de cette situation volatile.
En avançant la date de l’élection présidentielle au 7 septembre prochain au lieu de décembre 2024, le président pourrait avoir estimé qu’une élection anticipée lui donnerait un avantage politique, soit en capitalisant sur une popularité momentanée, soit en anticipant des événements futurs qui pourraient changer défavorablement le paysage politique.
Cela pourrait également lui permettre de consolider son éventuel futur mandat ou de faire face à des défis internes au sein de la structure du pouvoir contrôlé par l’armée.
De plus, les pressions internationales, qu’elles soient économiques, diplomatiques ou liées aux droits de l’homme, pourraient avoir poussé le président à organiser l’élection plus tôt que prévu afin de répondre aux attentes ou aux exigences de la communauté internationale.
Sous pression de l’armée, le président, en anticipant l’élection, pourrait avoir cherché à éviter les contestations ou les mouvements de protestation qui pourraient se développer. L’élection anticipée pourrait être perçue comme une stratégie pour minimiser les risques de contestations populaires ou de déstabilisation politique.
En même temps, Tebboune pourrait chercher à influencer le calendrier politique et à perturber les plans de l’opposition ou d’autres acteurs politiques. Cela pourrait être une stratégie pour prendre l’avantage et consolider sa position avant que d’autres candidats ne puissent se préparer adéquatement.
L’armée joue un rôle politique prépondérant. Elle peut avoir exercé des pressions sur le président pour qu’il prenne certaines décisions, y compris celle d’avancer la date de l’élection présidentielle, estimant que cette tactique pourrait contribuer à sauvegarder ses intérêts économiques.
Sur le processus électoral lui-même, l’armée va exercer une influence directe ou indirecte, notamment en surveillant les élections, en assurant la sécurité des bureaux de vote, ou en participant à des comités de supervision électorale. Cette implication peut soulever des questions sur l’impartialité et la transparence du scrutin.
Le fait d’organiser des élections anticipées peut être perçu comme une démarche visant à renforcer la légitimité démocratique du président s’il se présente pour un second mandat, surtout qu’il est confronté à des critiques sur sa légitimité et sur la validité de son mandat actuel.