Les États-Unis ont annoncé samedi la révocation de tous les visas délivrés aux ressortissants du Soudan du Sud, une décision sans précédent qui marque un tournant dans la politique d’immigration de l’administration Donald Trump.
Cette mesure a été prise en raison du refus du Soudan du Sud de reprendre ses citoyens visés par des expulsions, une situation qui rappelle la récente controverse entre la France et l’Algérie sur des questions similaires.
Le secrétaire d’État, Marco Rubio, a confirmé la décision dans un communiqué, précisant que « le Département d’État des États-Unis révoque immédiatement tous les visas détenus par les porteurs de passeports du Soudan du Sud ». Ce geste représente la première action de ce type contre un pays étranger depuis l’entrée en fonction de Donald Trump le 20 janvier, marquant une intensification de sa politique de lutte contre l’immigration.
Rubio a exprimé que le Soudan du Sud, sous son gouvernement de transition, devait cesser de profiter des États-Unis, en soulignant que « tout pays doit accepter de reprendre promptement ses citoyens lorsqu’un autre pays, y compris les États-Unis, souhaite les expulser ».
En plus de l’annulation des visas existants, cette décision implique la suspension de la délivrance de nouveaux visas pour les ressortissants du Soudan du Sud, un pays de 11 millions d’habitants. Le secrétaire d’État a toutefois ajouté que Washington était prêt à reconsidérer cette politique si le Soudan du Sud coopérait pleinement à l’avenir.
Le pays fait également face à un risque de retour à la guerre civile, comme l’a alerté un haut responsable de l’ONU le mois dernier. Le Soudan du Sud, qui a accédé à l’indépendance en 2011 sous l’égide des États-Unis après la partition du Soudan, a traversé une guerre civile dévastatrice entre 2013 et 2018, qui a causé près de 400 000 morts et déplacé 4 millions de personnes. Bien qu’un accord de paix signé en 2018 ait permis de calmer la situation, les tensions restent vives.
Dans ce contexte complexe, les ressortissants du Soudan du Sud bénéficiaient jusqu’à présent d’un statut de protection temporaire (TPS) aux États-Unis, mis en place par l’administration Biden pour les protéger de l’expulsion en raison des conditions exceptionnelles dans leur pays. Cependant, ce statut doit expirer le mois prochain, exposant ainsi ses bénéficiaires à un risque accru d’expulsion.
En 2023, l’administration Biden avait indiqué que 133 ressortissants du Soudan du Sud étaient protégés par ce statut, tandis que 140 autres étaient éligibles.