Le gouvernement d’unité nationale sud-africain, formé après les élections générales de mai dernier, se trouve confronté à une situation de plus en plus fragile, à la suite de l’adoption controversée du budget 2025/2026. Le vote, qui s’est déroulé la semaine dernière, a été marqué par une large division au sein de la coalition au pouvoir, notamment entre le Congrès National Africain (ANC) et l’Alliance Démocratique (DA). Ces deux partis se sont affrontés sur la proposition du ministre des Finances, Enoch Godongwana, d’augmenter la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) pour combler un déficit de 3 milliards de dollars.
Le leader de la DA, John Steenhuisen, a exprimé de vives critiques à l’encontre de la hausse de la TVA, qualifiant le budget d’un cercle vicieux de pauvreté, de dette et de corruption croissantes. Malgré l’opposition de la DA, l’ANC a réussi à obtenir l’adoption du budget grâce à un soutien de partis non gouvernementaux. Cependant, la DA a réagi en portant l’affaire devant la Haute Cour du Cap occidental, arguant que le processus d’adoption du budget était illégal et inconstitutionnel.
Bien que le budget ait été approuvé, le processus législatif reste ouvert et les députés disposent encore de 30 jours pour débattre des questions non résolues, notamment l’augmentation de la TVA. Cette situation met en lumière les tensions croissantes au sein de la coalition. Le président Cyril Ramaphosa a suggéré qu’une non-adhésion au budget pourrait isoler la DA du gouvernement d’unité nationale. De nombreux analystes estiment que cette coalition, née dans l’urgence, pourrait ne pas perdurer.
Les divisions entre l’ANC et la DA alimentent les inquiétudes concernant la stabilité politique et économique du pays. Les tensions politiques ont déjà affecté la confiance des investisseurs, avec une dépréciation notable du rand, qui a perdu 1,6 % par rapport au dollar américain.
Dans ce climat d’incertitude, l’avenir de la coalition reste en question. La DA se trouve à un carrefour décisif : rester dans le gouvernement ou quitter la coalition.
Les analystes s’accordent à dire que ces tensions pourraient peser lourdement sur l’économie sud-africaine, déjà fragilisée par une dette élevée et des perspectives macroéconomiques préoccupantes.