Des milliers de migrants subsahariens en Tunisie se retrouvent dans une situation de plus en plus précaire après une vaste opération menée par les services sécuritaires tunisiens pour démanteler leurs camps de fortune, principalement situés dans les oliveraies de la région d’El Amra, dans le centre-est du pays. Ces migrants, pour la plupart originaires du Mali, du Nigéria ou de la Guinée, cherchaient à rejoindre l’Europe mais se retrouvent coincés en Tunisie après que le verrouillage de la route maritime a interrompu leur projet de migration.
Les autorités tunisiennes ont lancé cette opération après des tensions croissantes avec la population locale et les propriétaires terriens, qui réclamaient l’évacuation des migrants. La situation a été exacerbée par les propos du président tunisien Kaïs Saïed, qui a qualifié les migrants subsahariens de « menace démographique » en 2023, intensifiant les tensions.
Malgré des déclarations assurant que les opérations se sont déroulées de manière « humaine » et sans violence, les migrants témoignent de leur désespoir. Certains expriment leur volonté de tenter à nouveau de rejoindre l’Europe, tandis que d’autres cherchent à retourner chez eux, malgré les obstacles. L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a déjà organisé des retours volontaires, mais l’incertitude demeure pour ceux qui restent sans abri et sans solution.
Alors que les autorités insistent sur leur volonté d’aider ces migrants à rentrer chez eux de manière éthique et humanitaire, des critiques émergent sur l’efficacité de ces actions. Des analystes estiment que cette tentative d’éparpiller les migrants pourrait ne faire qu’aggraver la situation, avec des risques de regroupement dans de nouveaux camps.
Le président Saïed a affirmé que les opérations d’évacuation des migrants subsahariens continueront, rejetant l’idée de transformer la Tunisie en un pays de transit ou un lieu d’installation pour les migrants. Selon lui, ces évacuations sont menées dans des conditions « humanitaires inédites » et visent à aider les migrants à retourner chez eux. Il a également insisté sur le fait que ces actions ne sont pas imposées par des accords internationaux, mais sont le fruit d’une décision souveraine de la Tunisie, visant à protéger son pays contre ce qu’il qualifie de complots visant à le déstabiliser.