Depuis son accession au pouvoir en 2019, Kaïs Saïed a suscité autant d’espoir que de désillusion. Alors que son mandat de cinq ans touche à sa fin, le chef de l’Etat tunisien a récemment convoqué les électeurs pour une élection présidentielle prévue le 6 octobre 2024. Cependant, son bilan et les conditions actuelles laissent présager un scrutin loin d’être transparent et équitable.
Sous le règne de Kaïs Saied, la Tunisie a vu une montée inquiétante de la répression contre les opposants politiques et les voix dissidentes. L’exemple le plus frappant est celui de Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse, condamnée à un an de prison pour « diffusion de fausses nouvelles » suite à des commentaires ironiques sur la situation du pays. Cette condamnation, prononcée près de deux mois après son arrestation par des policiers masqués, illustre la dérive autoritaire du régime Saied.
De plus, Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, se voit contrainte de mener campagne depuis sa prison. Accusée d’incitation à la violence et de provocation, elle incarne la répression judiciaire utilisée pour neutraliser les opposants potentiels.
L’annonce de la tenue des élections n’a pas suffi à apaiser les tensions. Le Front du salut national a d’ores et déjà déclaré que les conditions d’une compétition normale ne sont pas réunies, dénonçant un simulacre électoral. Le refus de soutenir toute candidature, que ce soit en interne ou externe, souligne la défiance croissante envers un processus électoral perçu comme manipulé.
Depuis l’entrée en vigueur du décret 54, plus de 60 journalistes, avocats et figures de l’opposition ont été poursuivis.
Amnesty International et Human Rights Watch ont déploré l’intensification de « la répression de la liberté d’expression » en Tunisie, en voie « d’anéantir les derniers gains de la Révolution de 2011 ».
Alors que les Tunisiens se préparent à voter le 6 octobre, l’avenir politique et économique du pays semble plus incertain que jamais.