L’Afrique du Sud a fermé sa frontière avec le Mozambique après l’avoir partiellement ouverte plus tôt dans la journée, suite à l’intensification des violences postélectorales dans le pays voisin. Ces violences ont donné lieu à des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Le gouvernement sud-africain a également conseillé à ses citoyens de reporter toute visite non essentielle au Mozambique.
Mercredi, Amnesty International avait rapporté qu’au moins 20 personnes avaient été tuées et des centaines blessées ou arrêtées depuis le début des manifestations à la fin du mois d’octobre. Face à cette situation, les autorités sud-africaines avaient rouvert la frontière temporairement dans la matinée de jeudi, afin de permettre à des camions et véhicules bloqués de circuler, mais la réouverture a été annulée peu après.
Au Mozambique, la violence a pris de l’ampleur jeudi, alors que des milliers de manifestants ont envahi les rues de Maputo, la capitale, appelés par le principal opposant, Venancio Mondlane. Ce dernier conteste les résultats de la présidentielle du 24 octobre, qui ont vu la victoire du candidat du parti au pouvoir, le Frelimo, Daniel Chapo. En réponse, la police, renforcée par des militaires, des blindés et des chiens, a dispersé les manifestants à l’aide de gaz lacrymogène.
En fin de journée, la situation semblait calme dans les rues de Maputo, bien que la capitale soit encore sous haute surveillance policière. Quelques barricades et pneus brûlés étaient encore visibles, dégageant d’épais panaches de fumée noire, tandis que des points de contrôle restaient installés autour de la présidence.
Cette journée de manifestations, qualifiée par Mondlane de « journée de libération du Mozambique », marquait un sommet dans les semaines de contestation de la présidentielle. Les résultats officiels ont attribué environ 20% des voix à l’opposant, qui revendique néanmoins la victoire en raison des nombreuses irrégularités, qu’il dénonce dans ses discours.
Le scrutin du 9 octobre a été vivement contesté, notamment pour ses multiples anomalies, et selon des observateurs internationaux, il a été entaché de fraudes. Le Haut Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a confirmé que ces manifestations avaient fait au moins 20 morts.
« Ce ne sont pas des morts, ce sont des meurtres », a dénoncé Venancio Mondlane, qui accuse le Frelimo de recourir à la violence pour se maintenir au pouvoir. Selon lui, le gouvernement utilise un « terrorisme d’État » pour éliminer toute opposition.
Mondlane, allié au parti Podemos après son échec à prendre la tête de l’opposition historique Renamo, a souligné que ses partisans, brandissant des pancartes avec le slogan « Povo no poder » (« Le peuple au pouvoir »), cherchent à faire pression sur le gouvernement pour qu’il reconnaisse la victoire de l’opposition.
Le ministre de la Défense, Cristovao Chume, avait averti mardi les manifestants que si la violence continuait d’escalader, l’armée serait contrainte de protéger les « intérêts de l’État » face à ce qu’il a qualifié d’ »intention de renverser le pouvoir démocratiquement établi ».
L’ONG anticorruption Public Integrity Center (CIP) a qualifié les élections du 9 octobre de « plus frauduleuses depuis 1999 ». Selon l’organisation, des irrégularités ont été constatées avant, pendant et après le scrutin, notamment des « altérations injustifiées des résultats ».