Le parti d’opposition mozambicain Renamo a réclamé lundi l’annulation des élections d’octobre, contestées en raison des résultats en faveur du parti au pouvoir, qui ont conduit à des manifestations violentes à travers le pays.
Renamo, qui était jusqu’alors le principal parti d’opposition, a vu son rôle éclipsé par l’émergence de Podemos, un nouveau parti dirigé par Venancio Mondlane, lors des élections législatives et présidentielles du 9 octobre. Mondlane a dénoncé des fraudes électorales et lancé un vaste mouvement de protestation.
Lors d’une conférence de presse, Ossufo Momade, le leader de Renamo, a exigé l’annulation immédiate des résultats des élections, proclamés le 24 octobre, et a demandé la mise en place d’un gouvernement intérimaire en attendant de nouvelles élections « libres, justes et transparentes ».
Selon la Commission électorale, le parti Frelimo, au pouvoir depuis près de 50 ans, a remporté les élections avec 71 % des voix, contre 20 % pour Podemos et 6 % pour Renamo. Cependant, Momade a dénoncé des fraudes, notamment des manipulations des urnes, des falsifications de résultats, l’arrestation de délégués des partis d’opposition et un dépouillement des votes sans la présence des représentants des candidats.
Les manifestations lancées par Mondlane ont été marquées par des affrontements avec la police dans plusieurs villes et près de la frontière sud-africaine, qui a été fermée à plusieurs reprises. Selon Human Rights Watch, plus de trente personnes sont mortes dans les violences depuis le 19 octobre, incluant l’assassinat de deux figures de l’opposition. D’autres organisations locales estiment que le bilan pourrait être bien plus élevé.
L’ONG Public Integrity Center (CIP) a qualifié ces élections de « plus frauduleuses depuis 1999 », tandis que la mission d’observation de l’Union européenne a signalé de nombreuses irrégularités, notamment des « altérations injustifiées des résultats ».
Le Conseil constitutionnel doit confirmer les résultats des élections au moins deux semaines avant l’investiture de Daniel Chapo, candidat du Frelimo, prévue pour janvier, où il succédera à Filipe Nyusi, le président sortant.
Le gouvernement a également annoncé lundi qu’il poursuivait Venancio Mondlane et le parti Podemos pour environ 32 millions de meticais (environ 471 000 euros) de dommages liés aux manifestations, qui ont causé des destructions et des blocages dans le pays. Le ministère public enquête également sur 208 affaires pénales impliquant Podemos, pour des accusations telles que coups et blessures, incitation à la désobéissance collective et complot contre l’État.
Face à cette situation, les autorités mozambicaines ont décidé d’interdire les manifestations de grande envergure qui secouent le pays depuis l’annonce des résultats. La répression a aussi visé des journalistes : deux correspondants sud-africains travaillant pour News Central TV ont été arrêtés à Maputo avant d’être libérés vendredi après des négociations diplomatiques. Par ailleurs, deux journalistes portugais couvrant les manifestations ont été expulsés du pays la semaine dernière.