La justice burkinabè a lancé une enquête suite à la diffusion sur les réseaux sociaux de messages incitant à « l’extermination » de membres de la communauté peule, régulièrement visée dans la région du Sahel et accusée de soutenir les groupes jihadistes.
Jeudi soir, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Ouagadougou, Blaise Bazié, a publié un communiqué dans lequel il a indiqué avoir constaté que certains individus, via leurs profils ou pages Facebook, publiaient et partageaient massivement des messages appelant à l’extermination de certaines communautés ethniques, les accusant à tort d’être responsables des violences terroristes qui frappent la région.
« Des enquêtes sont ouvertes afin d’interpeller les auteurs de ces publications dans les prochains jours », a précisé le procureur, soulignant que bien que l’ethnie ciblée ne soit pas mentionnée explicitement, ces messages s’attaquent principalement à la communauté peule.
« Ces messages incitant à la violence représentent une menace grave pour la paix et la cohésion sociale », a déclaré M. Bazié, précisant que leurs auteurs risquent des peines de prison.
Les appels à la violence surviennent après la diffusion, la semaine dernière, de vidéos montrant des massacres de civils peuls à Solenzo, dans l’ouest du Burkina Faso. Les meurtres, attribués à l’armée burkinabè et à ses alliés civils, ont provoqué une vague d’indignation, mais aussi une montée de messages haineux. Le gouvernement a nié toute implication dans ces exactions.
La communauté peule est souvent accusée, à tort, de soutenir ou de faire partie des groupes jihadistes qui déstabilisent le Sahel. Après le massacre de Solenzo, Adama Dieng, envoyé spécial de l’Union africaine pour la prévention du génocide, a dénoncé ces actes en soulignant qu’ils constituent une « violation flagrante des droits humains ». Il a exprimé sa condamnation sans équivoque des attaques ayant causé la mort de nombreuses victimes innocentes, y compris des enfants.
Depuis septembre 2022, le Burkina Faso est dirigé par une junte militaire, suite à un coup d’État, sous la conduite du capitaine Ibrahim Traoré, qui s’est engagé à restaurer la sécurité.