Le président tunisien, Kaïs Saïed, a annoncé vendredi le limogeage de son Premier ministre, Kamel Madouri, moins de huit mois après sa nomination.
La ministre de l’Equipement, Sarra Zaafrani Zenzri, a été désignée pour le remplacer. Cette décision intervient dans un contexte difficile pour le pays, confronté à des crises économiques et sociales, et au moment où le gouvernement est vivement critiqué pour la répression des opposants.
Aucune explication officielle n’a été donnée concernant le départ de M. Madouri. Il s’agit du quatrième limogeage d’un chef du gouvernement depuis le coup de force de Saïed en 2021. La présidence a annoncé ce changement via un communiqué laconique sur Facebook, sans mentionner de raisons précises ni adresser de mots à l’ex-Premier ministre.
Dans un discours diffusé avant l’annonce de ce limogeage, Kaïs Saïed a exprimé son mécontentement face à la gestion gouvernementale, appelant les dirigeants à être pleinement responsables de leurs actes. Il a aussi évoqué des mouvements sociaux récents, dont des immolations par le feu, qu’il a jugées suspectes, les associant à un procès en cours sur un présumé complot contre la sûreté de l’Etat.
Sarra Zaafrani Zenzri, ingénieure en génie civil et haut fonctionnaire, devient ainsi la deuxième femme à diriger le gouvernement tunisien après Najla Bouden. Elle prend ses fonctions dans un pays traversant une grave crise politique, économique et sociale.
La Tunisie affiche une faible croissance de 0,4% en 2024, un taux de chômage de 16% et une dette atteignant environ 80% du PIB.
La nomination de Mme Zaafrani intervient dans un contexte où le pays peine à sortir de la crise, exacerbée par des tensions internes et un manque de réformes structurelles.
Le nouveau gouvernement se retrouve également sous pression internationale. L’ONU a critiqué le régime pour l’emprisonnement d’opposants, et les droits humains continuent de se dégrader depuis le coup d’État de 2021, lorsque Saïed a suspendu le Parlement et modifié la Constitution pour instaurer un régime ultra-présidentiel.
Malgré ses promesses de rétablir la sécurité, la situation du pays reste marquée par des pénuries, notamment de produits de première nécessité.
Le régime narcissique de Saïed a également mis fin aux négociations avec le Fonds monétaire international, qui avait offert un prêt sous réserve de réformes économiques.