Crispations régionales : Le clash entre les Etats du Sahel et l’Algérie alarme la Cedeao

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a exprimé, mercredi 10 avril, sa « profonde préoccupation » face à l’escalade des tensions diplomatiques entre le Mali et l’Algérie. Dans un communiqué, l’organisation sous-régionale appelle les deux pays à privilégier le dialogue et à recourir aux mécanismes régionaux et continentaux pour régler leur différend.

La crise a éclaté le 1er avril, lorsque les autorités maliennes ont accusé l’Algérie d’avoir abattu un drone de leur armée dans l’espace aérien malien, une accusation que le gouvernement algérien a catégoriquement rejetée. Depuis, les relations entre les deux voisins se sont rapidement détériorées.

Le 6 avril, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, regroupés au sein de l’Alliance des Etats du Sahel, ont annoncé le rappel de leurs ambassadeurs en poste à Alger. En retour, l’Algérie a rappelé ses représentants diplomatiques au Mali et au Niger. Les tensions se sont encore durcies avec la fermeture mutuelle des espaces aériens entre les pays concernés, intervenue lundi 8 avril.

Dans la foulée, Bamako a annoncé son retrait immédiat du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), une structure régionale basée en Algérie et destinée à coordonner la lutte antiterroriste au Sahel. Le gouvernement malien envisage également de porter plainte devant les instances internationales pour « actes d’agression ».

Cette détérioration des relations bilatérales s’inscrit dans un contexte déjà tendu. En janvier 2024, la junte malienne avait mis un terme à l’accord de paix d’Alger signé en 2015, jugé crucial pour la stabilité du nord du pays. 

Bamako accuse désormais Alger d’entretenir des liens avec des groupes armés dans les zones frontalières, notamment touaregs, responsables selon elle d’attaques meurtrières contre ses forces armées.

La situation a également provoqué une mobilisation populaire : mardi, une centaine de jeunes ont manifesté devant l’ambassade d’Algérie à Bamako pour dénoncer « les agissements d’Alger ».