Soudan du Sud : l’armée reprend la ville stratégique de Nasir

Les forces gouvernementales du Soudan du Sud ont annoncé, dimanche, avoir repris le contrôle de la ville de Nasir, située dans le nord-est du pays. Ce regain de tensions intervient dans un contexte de crise politique grandissante qui fait craindre une rechute dans la guerre civile.

Nasir, ville stratégique de l’État du Nil supérieur, a récemment été au centre d’affrontements intenses entre les troupes fidèles au président Salva Kiir et celles du vice-président Riek Machar. Ces combats ont contribué à l’échec du fragile accord de partage du pouvoir conclu en 2018 entre les deux hommes.

Selon les autorités, les violences dans la région ont été alimentées par la collaboration présumée des forces de Riek Machar avec l’Armée blanche, une milice composée de jeunes issus de l’ethnie Nuer, à laquelle appartient le vice-président. Cette milice aurait mobilisé jusqu’à 6 000 combattants pour attaquer un camp militaire à Nasir début mars, causant notamment la mort d’un général de haut rang.

Pour reprendre la ville, l’armée sud-soudanaise a bénéficié du soutien d’éléments de l’armée ougandaise. Le porte-parole militaire, Lul Ruai Koang, a déclaré dimanche que la ville historique de Nasir est désormais sous contrôle total de l’armée nationale. Dans la foulée, les forces gouvernementales ont aussi repris Ulang, une ville voisine longtemps tenue par les troupes loyales à Machar.

Depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays est confronté à une instabilité chronique. Entre 2013 et 2018, la guerre civile entre les partisans de Kiir et de Machar a coûté la vie à environ 400.000 personnes.

Malgré l’accord de paix signé en 2018, la situation s’est à nouveau détériorée. Ces dernières semaines, les forces de Salva Kiir ont renforcé leur présence dans plusieurs régions, tandis que plusieurs proches de Riek Machar ont été arrêtés. Ce dernier a été placé en résidence surveillée à la fin mars.

Les Nations unies estiment que les récents affrontements ont fait au moins 200 morts et provoqué le déplacement de 125.000 personnes depuis mars. La communauté internationale s’inquiète d’une reprise à grande échelle du conflit.