Tunisie : Sous le régime de Kaïs Saïed, une caravane vers Gaza, mise en scène, loin des vraies urgences du pays

Alors que la Tunisie s’enfonce dans une crise politique, sociale et économique profonde sous la présidence autoritaire de Kaïs Saïed, le régime détourne l’attention vers l’extérieur. Près de 1000 jeunes Tunisiens participeront, à partir de ce lundi, à la caravane dite de solidarité « Essoumoud », censée rallier la frontière égypto-palestinienne. Une initiative fortement médiatisée, mais qui suscite scepticisme et interrogations.

Présentée comme un geste de solidarité envers Gaza, la caravane semble surtout servir de vitrine à un pouvoir en quête de légitimité populaire. Les libertés individuelles régressent, l’opposition est bâillonnée, les syndicats sont muselés, les jeunes tunisiens fuient massivement le pays par la mer, le régime cherche à projeter une image de résistance, à l’intérieur du pays.

Lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’UGTT, pourtant elle-même sous pression du pouvoir, les organisateurs ont annoncé que près de 1 000 personnes, principalement des jeunes, participeraient au départ de la caravane lundi à 6h depuis l’avenue Habib Bourguiba.

« Ce chiffre est respectable », a déclaré Nabil Chenoufi, porte-parole de la caravane, tout en reconnaissant que de nombreux candidats ont été écartés pour des raisons « logistiques ». Une manière polie de dire que le pouvoir veut garder la main sur l’événement.

La caravane traversera plusieurs villes du pays, Sousse, Sfax, Gabès, Médenine, pour atteindre Ben Guerdane à la frontière libyenne, avant de tenter de rejoindre Rafah via la Libye. Un itinéraire certes chargé de symboles, mais dont la finalité reste vague : lever le blocus sur Gaza depuis la Tunisie ? Une opération médiatique sans impact concret, qui ignore les réalités géopolitiques et sécuritaires de la région.

Pendant ce temps, les Tunisiens font face à des pénuries de produits de base, à l’effondrement du dinar, à une répression judiciaire féroce contre les opposants et à une jeunesse désabusée, sans perspectives, ni emploi.

En promouvant cette opération à grand renfort de slogans nationalistes et de discours sur la résistance contre Israël, le régime Saïed, orchestrée avec le régime militaire algérien, tente visiblement de rediriger la colère sociale vers une cause extérieure, dans la pure tradition des régimes autoritaires en quête d’un ennemi commun ou d’un noble combat pour masquer l’échec interne.

La cause palestinienne devient un prétexte commode. La solidarité ne peut être crédible quand elle est instrumentée depuis un pouvoir qui, dans le même temps, écrase ses propres citoyens.