Lancée sous couvert de solidarité avec la population de Gaza, la Caravane Soumoud se présente comme un mouvement maghrébin visant à briser le blocus israélien. Mais derrière cet engagement affiché, l’initiative révèle des dérives idéologiques dangereuses, flirtant ouvertement avec l’antisémitisme.
Lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’UGTT à Tunis, le coordinateur de la caravane, Wael Nawar, a annoncé vouloir « rassembler des centaines de milliers de Maghrébins » pour s’opposer au « génocide commis contre le peuple palestinien ».
Pourtant, les discours prononcés lors de l’événement ont souvent dépassé le cadre d’une critique légitime de la politique israélienne, pour sombrer dans des amalgames visant « les Juifs » de manière globale, dans une logique de diabolisation et de stigmatisation.
Le convoi, stoppé à la frontière de l’Est libyen sous prétexte de l’absence d’autorisations pour entrer en Egypte, a été contraint de faire demi-tour. L’échec de cette initiative n’a pourtant pas empêché certains participants de comparer les frontières interarabes à celles de « l’entité sioniste », reprenant ainsi une rhétorique hostile qui brouille volontairement les lignes entre critique géopolitique et discours de haine.
Le député algérien Youssef Ajissa, présent sur place, a déclaré que la barrière libyenne « reflète la frontière de l’entité sioniste », accusant les régimes arabes de complicité avec Israël. De tels propos, répétés au fil des interventions, participent à une dynamique où les responsables politiques israéliens sont assimilés à l’ensemble du peuple juif, dans un glissement idéologique typique de la propagande antisémite contemporaine.
Si les organisateurs affirment maintenir des contacts avec des militants internationaux et un navire humanitaire en route vers Gaza, leur langage outrancier et leurs références douteuses discréditent la cause qu’ils prétendent défendre. Loin de mobiliser sur une base éthique et humanitaire, la Caravane Soumoud donne lieu à une instrumentalisation militante marquée par des raccourcis idéologiques, des accusations infondées, et des relents antisémites évidents.
Cette dérive, bien que masquée sous les habits de l’engagement, jette une ombre inquiétante sur les formes actuelles de solidarité avec la Palestine. Car défendre une cause juste ne justifie en rien de s’appuyer sur des discours haineux.