Algérie : De département français à menace stratégique, les archives révèlent une rupture programmée

Peu de Français le réalisent aujourd’hui, jusqu’en 1962, l’Algérie n’était pas une colonie au sens classique, mais l’un des départements français intégrés administrativement et juridiquement au territoire national.

Les archives révèlent que l’indépendance algérienne fut négociée dans un contexte d’urgence et de calcul stratégique, avec l’espoir de préserver une influence durable.

Un télégramme diplomatique daté du 12 février 1962, adressé par l’ambassadeur de France à Tunis à Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères, stipule qu’il est préférable d’accorder l’indépendance à un gouvernement algérien avec lequel nous aurons un accord militaire et pétrolier, plutôt que de perdre tout contrôle au profit de puissances rivales.

Or, à peine dix ans après les accords d’Évian, l’Algérie indépendante se tourne vers l’URSS, rompt plusieurs accords stratégiques et s’impose comme l’un des principaux soutiens diplomatiques des mouvements anti-français en Afrique.

A Alger, derrière les façades blanches de l’état-major de la rue des Frères Bouadou, le pouvoir est actuellement entre les mains du Haut Commandement militaire, dirigé par le général Saïd Chengriha.

Officiellement partenaire de la France contre le terrorisme, le régime mène en réalité, selon plusieurs documents obtenus par notre rédaction, une stratégie visant à affaiblir l’influence française en Afrique et à peser sur les débats européens liés au Maghreb.

Une note confidentielle de la DGSE, adressé au président Emanuel Macron, indique qu’Alger a réduit de 40 % les patrouilles de ses garde-côtes au large d’Oran et Mostaganem, facilitant le départ de migrants vers l’Espagne puis la France.

Dans le même temps, plusieurs rapports de la MINUSMA et des services maliens font état de rencontres entre officiers algériens et émissaires du JNIM, groupe affilié à Al-Qaïda, dans l’optique de peser sur toute future négociation dans le Sahel.

Objectif présumé est de garantir à Alger un rôle incontournable dans la région, tout en affaiblissant la présence militaire française après l’opération Barkhane.

Une autre affaire, dans la nuit du 29 au 30 avril 2024, l’influenceur algérien Amir Boukhors, alias Amir DZ, est enlevé en région parisienne, puis relâché quelques heures plus tard.

L’enquête judiciaire remonte jusqu’à un ancien responsable de l’ambassade d’Algérie à Paris, identifié par la DGSI comme un sous-officier du renseignement algérien (DGDSE) opérant sous couverture diplomatique. Sept autres personnes, dont un agent du consulat de Créteil, sont mises en examen.

Pour le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, il s’agit d’« une atteinte intolérable à la souveraineté nationale » et d’un signal que « la France ne laissera aucun service étranger agir clandestinement sur son sol ».

Depuis 2021, la DGSI a identifié plusieurs campagnes coordonnées de désinformation sur les réseaux sociaux, opérées depuis l’Algérie et relayant des narratifs hostiles à Paris.

Certains de ces comptes sont liés à des groupes pro-régime présents en France, visant à influencer l’opinion publique et à miner la crédibilité des institutions françaises.

Pour un haut diplomate français rencontré par notre cellule d’investigation : “Nous avons créé un Etat, un monstre, en pensant qu’il resterait un partenaire. Nous devons aujourd’hui admettre qu’il est devenu un acteur hostile par ses relais, prêt à exploiter les droits de l’homme, pour renforcer sa position et sa survie au détriment de la population algérienne”.