Tunisie : Bras de fer entre le président Saïed et l’UGTT

La centrale syndicale tunisienne UGTT, longtemps pilier de la démocratie tunisienne, est aujourd’hui dans le viseur du président Kaïs Saïed. Après une manifestation houleuse devant son siège le 7 août, menée par des partisans du chef de l’Etat accusant le syndicat de corruption, l’UGTT dénonce une « tentative d’assaut » et prépare la riposte.

Le président, qui concentre tous les pouvoirs depuis son coup de force en 2021, a rapidement pris la défense des manifestants, appelant l’UGTT à « ouvrir tous les dossiers » pour que « le peuple demande des comptes ». Des propos jugés provocateurs par des analystes, qui y voient une stratégie pour pousser le syndicat à l’affrontement.

En réaction, le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a annoncé une grande marche le 21 août à Tunis pour « défendre les valeurs » de la centrale et relancer le dialogue social. « Nous ne nous laisserons pas museler », a-t-il lancé, tout en assurant que le syndicat n’était « pas au-dessus des lois ».

Fondée en 1946, l’UGTT a joué un rôle central dans l’histoire politique du pays, de la lutte contre la colonisation à la chute de Ben Ali. Elle avait soutenu Saied en 2021, mais leurs relations se sont dégradées face à l’échec du dialogue et à une série d’attaques verbales et judiciaires contre ses membres.

Des ONG, dont Human Rights Watch, dénoncent des « menaces à peine voilées » et une volonté d’affaiblir l’un des derniers contre-pouvoirs du pays, après les attaques menées par le président Kaïs Saïed contre les partis politiques, la presse et les associations.

La contestation contre l’UGTT trouve aussi un écho parmi une partie de la population, lassée des grèves, notamment dans des secteurs stratégiques comme les transports ou les phosphates.

Alors que la Tunisie traverse une grave crise économique et que les arrestations d’opposants se multiplient, la marche du 21 août s’annonce comme un test crucial pour mesurer la capacité de mobilisation de l’UGTT et l’état réel des libertés dans le pays.