Algérie : Tebboune et Chengriha s’affrontent pour le contrôle de l’Etat

La lutte de pouvoir oppose aujourd’hui les plus hautes figures civiles et militaires du pays : le président Abdelmadjid Tebboune, son directeur de cabinet Boualem Boualem, le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général Saïd Chengriha, et le général Mohamed Kaidi, longtemps pressenti pour succéder à ce dernier, mais désormais placé en résidence surveillée, selon nos sources.

Le général Chengriha cherche à maintenir un contrôle absolu sur l’appareil militaire et le gouvernement algérien, profitant de la chute d’un bus dans l’oued El Harrach à Alger provoquant la mort de 18 passagers et blessant 25 autres.

Ses méthodes reposent sur la mise à l’écart de tous ceux qui remettent en cause son autorité, qu’il s’agisse de militaires de haut rang ou de figures de la société civile.

Face à lui, le général Mohamed Kaidi incarne une vision différente de l’armée. Plus ouvert sur l’extérieur et favorable à une coopération avec l’Occident, notamment la France et les Etats-Unis, en Afrique du nord ainsi qu’au Sahel, Kaidi représentait une alternative stratégique qui inquiétait profondément Chengriha.

La tentative de Tebboune de s’appuyer sur ce dernier afin d’équilibrer les rapports de force au sommet de l’Etat a été perçue comme une provocation par le chef d’état-major, qui a réagi en neutralisant l’influence de son rival.

De nombreux officiers supérieurs et cadres de l’ANP ont été limogés, souvent sous des prétextes d’« abus de pouvoir », de « trahison » ou de « corruption ». Ces accusations, rarement étayées, apparaissent davantage comme un outil politique destiné à éliminer toute contestation interne.

Cette série d’évictions alimente un malaise croissant au sein de l’institution militaire, considérée comme la colonne vertébrale du régime.

Pour beaucoup d’observateurs occidentaux, la rivalité entre Tebboune et Chengriha ne se limite pas aux coulisses de l’armée. Elle se répercute directement sur le fonctionnement de l’exécutif.

Plusieurs ministres et hauts responsables civils affirment recevoir des instructions contradictoires, parfois diamétralement opposées, émanant d’un côté du président et de l’autre du chef d’état-major.

Cette situation, inédite dans son ampleur, crée une confusion permanente dans la gestion des affaires de l’Etat.

A ce climat de répression s’ajoute  l’implication de certains membres de l’armée dans des réseaux parallèles ou dans le soutien à des organisations terroristes opérant au Sahel et au Moyen-Orient, selon les chancelleries occidentales qui suivent de près cette situation.

Entre un président Tebboune affaibli, un chef d’état-major déterminé à imposer sa tutelle et un général Kaidi neutralisé mais toujours perçu comme une alternative crédible, l’Algérie s’enfonce dans une crise institutionnelle dont l’issue reste incertaine.

Qui aura le dessus ? Chengriha, avec son appareil sécuritaire, ou Tebboune, en quête d’un équilibre fragilisé, avec l’appui de ses alliés civils qui sont à la solde du régime militaire algérien.