La proposition tunisienne de lancer une « foire commune » avec l’Algérie, la Libye et la Mauritanie, censée renforcer la sécurité alimentaire, relève plus du folklore diplomatique que d’une véritable stratégie.
Derrière les discours convenus de Samir Abid, ministre du Commerce, se cache une incapacité chronique des régimes de la région à affronter la crise alimentaire qui menace leurs populations, selon des observateurs de l’ONU.
Alors que l’inflation alimentaire frappe de plein fouet les ménages, que les importations de blé explosent et que ces pays restent dépendants des marchés extérieurs, la réponse officielle se limite à organiser une exposition de produits artisanaux et de textiles. Un cache-misère présenté comme un « projet commun », mais qui ne trompe personne.
L’Algérie, engluée dans son autoritarisme et son économie rentière, n’a jamais su développer une agriculture performante malgré des budgets faramineux.
La Libye, éclatée entre milices, n’a pas de politique agricole nationale digne de ce nom.
Quant à la Mauritanie, elle reste spectatrice, marginalisée sur le plan économique.
La Tunisie, pour sa part, fait face à une crise agricole profonde : endettement des petits producteurs, manque d’eau, chute des rendements. Mais plutôt que d’affronter ces réalités, Tunis préfère multiplier les annonces vides de contenu.
Les régimes de la région instrumentalisent la question alimentaire comme outil de propagande.
Kaïs Saïd, en déplacement à Alger, s’est affiché aux côtés du président Abdelmadjid Tebboune pour donner l’image d’une coopération maghrébine « solidaire ». En réalité, chacun reste prisonnier de ses intérêts politiques internes et incapable de bâtir une politique commune crédible.
Le pavillon tunisien inauguré à Alger illustre ce décalage criant : sur une surface de quelque m², il met en avant le textile, le cuir et les cosmétiques, mais rien de structurant pour répondre au défi vital de nourrir les populations. Pire encore, aucun plan concret de coopération agricole ou de gestion partagée de l’eau n’a été annoncé.
Au lieu de garantir la sécurité alimentaire, ces foires servent surtout de vitrine médiatique à des régimes autoritaires en quête de légitimité. Pendant ce temps, l’insécurité alimentaire s’aggrave, la dépendance aux importations se renforce et les populations paient le prix fort.
Derrière les sourires diplomatiques et les rubans coupés, une vérité s’impose : la « foire commune » n’est rien d’autre qu’un écran de fumée pour masquer l’échec collectif de ces dirigeants à protéger leurs peuples de la faim et de la précarité.
