Guinée : Conakry sous haute surveillance à l’approche du référendum contesté

La capitale guinéenne Conakry était placée sous haute sécurité vendredi, au lendemain de l’appel à manifester lancé par l’opposition contre le référendum constitutionnel du 21 septembre. Mais l’appel, porté par les Forces vives de Guinée (FVG), n’avait suscité aucune mobilisation visible à la mi-journée, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le scrutin, voulu par le général Mamadi Doumbouya, chef de la junte arrivée au pouvoir en septembre 2021 après avoir renversé Alpha Condé, doit déboucher sur une nouvelle Constitution et ouvrir la voie à un retour à l’ordre constitutionnel. Mais l’opposition et la société civile y voient une tentative de verrouiller le pouvoir.

Depuis 2022, la junte interdit toute manifestation. Plusieurs figures de l’opposition ont été arrêtées, condamnées ou contraintes à l’exil. Ce climat de répression, conjugué à la peur des violences policières, explique la faible réponse aux appels à descendre dans la rue.

Vendredi matin, sous une pluie battante, Conakry offrait le visage d’une ville quadrillée. Des pick-up de police et de gendarmerie étaient postés aux carrefours, sur les grands axes et près des marchés. Des policiers armés de fusils d’assaut, épaulés par des blindés équipés de canons à eau, occupaient les points stratégiques.

Dans la nuit, « des éléments de toutes les unités de l’armée, y compris les forces spéciales », selon le Front national pour la défense de la démocratie (FNDC), auraient tiré en l’air pour dissuader toute mobilisation. Le mouvement citoyen, membre des FVG, a dénoncé vendredi le déploiement de forces « armées d’armes létales » et signalé « l’enlèvement » de cinq militants, dont quatre prodémocratie. Les autorités n’avaient pas réagi à ces accusations.

Le projet de Constitution rendu public en juin reste ambigu sur la possibilité pour le général Doumbouya de briguer un mandat présidentiel. La charte de transition adoptée après le coup d’État interdisait initialement aux membres de la junte et aux responsables de la transition de se présenter. L’adoption du nouveau texte pourrait lever cette interdiction et ouvrir la voie à une candidature du chef de la junte.