Niger : L’uranium, symbole des tensions de la présence d’Orano

Le géant français du nucléaire Orano (anciennement Areva) a annoncé jeudi la libération de son représentant local au Niger, Ibrahim Courmo, qui était détenu depuis mai 2023. Cette annonce survient alors que l’exploitation de l’uranium au Niger est devenue un des points de friction majeure entre le pouvoir à Niamey et le groupe Orano, un dossier qui reflète les tensions croissantes entre la France et le régime nigérien.

Les autorités nigériennes, après avoir pris le pouvoir en juillet 2023, ont exprimé leur désir de diversifier leurs partenariats économiques, se tournant notamment vers la Russie et l’Iran. Le porte-parole d’Orano a exprimé un « soulagement » après la libération de Courmo, précisant que cette nouvelle était un réconfort pour les équipes et la direction de l’entreprise. Orano avait dénoncé en septembre « la détention illégale » de son représentant, soulignant que Courmo était retenu depuis mai 2023.

L’affaire s’inscrit dans un contexte tendu, après que le nouveau régime a pris des mesures drastiques concernant les activités minières d’Orano. En décembre 2023, après plusieurs mois de tensions, l’entreprise française avait officiellement perdu le contrôle de ses trois filiales minières au Niger : Somaïr, Cominak (fermée en 2021) et Imouraren, l’un des plus grands gisements d’uranium au monde avec des réserves estimées à 200 000 tonnes. 

En réponse, Niamey a retiré à Orano son permis d’exploitation. Et en juin 2024, le pouvoir a annoncé la nationalisation de la mine Somaïr.

Malgré ces revers, Orano, dont plus de 90% du capital appartient à l’Etat français, a lancé plusieurs actions en justice contre l’Etat du Niger. Fin septembre 2024, un tribunal d’arbitrage international a rendu une décision en faveur de l’entreprise, interdisant au Niger de vendre l’uranium produit par la Somaïr. Selon Orano, la mine de Somaïr contient environ 1 300 tonnes de concentré d’uranium, représentant une valeur marchande de 250 millions d’euros.

Cette situation est devenue un symbole des tensions croissantes entre la France et le Niger, ce dernier accusant régulièrement Paris de chercher à déstabiliser le pays. Le Niger, bien que n’étant que le quatrième producteur mondial d’uranium (avec 4,7% de la production mondiale en 2021), joue un rôle stratégique dans l’approvisionnement mondial de ce métal clé pour les centrales nucléaires.