Officiellement, le président Abdelmadjid Tebboune, continue d’apparaître dans les cérémonies protocolaires et de signer les décrets transmis par la Présidence.
Officieusement, de nombreuses sources internes affirment que le chef de l’Etat est désormais placé sous une forme de tutelle politique imposée par deux hommes forts : le général Saïd Chengriha, commandant des Forces armées, et Boualem Boualem, directeur du cabinet présidentiel et superviseur officieux des services sécuritaires et du Kompromat.
Selon plusieurs témoins, le président Tebboune aurait vu, au fil des mois, ses déplacements limités et son agenda strictement filtré par le duo Boualem-Chengriha. « Depuis près d’un an, plus rien ne sort ni n’entre sans l’approbation de ces deux hommes », confie un fonctionnaire d’El Mouradia. « Le président n’a plus accès aux rapports confidentiels sur la situation et externe ».
Le général Chengriha, réputé pour sa loyauté envers l’institution militaire plutôt qu’envers les dirigeants politiques, est décrit comme le véritable arbitre des décisions stratégiques de l’Algérie. Son influence s’est renforcée après la crise sécuritaire, lorsque plusieurs régions du Sud du pays ont échappé au contrôle du gouvernement.
« C’est à ce moment-là que le glissement s’est produit », explique une source diplomatique occidentale. « Chengriha a imposé une architecture sécuritaire parallèle, donnant aux militaires un droit de regard sur tous les dossiers, y compris économiques ». Abdelmadjid Tebboune avait signé un décret présidentiel, le Décret n° 24-218 du 27 juin 2024, permettant aux dirigeants militaires d’occuper des postes à la tête des administrations publiques et civiles.
A ses côtés, Boualem Boualem, dirige d’une main de fer le cabinet présidentiel. Peu connu du grand public mais craint au sein de l’administration, il pilote la coordination entre les renseignements intérieurs et les unités spéciales. Plusieurs observateurs voient en lui l’architecte du système de contrôle qui isole progressivement le président Tebboune.
Depuis six mois, les apparitions publiques du président se limitent aux cérémonies officielles. Les conférences de presse ont été annulées, les discours sont préenregistrés, et les rencontres bilatérales se déroulent en présence systématique de Boualem ou d’un officier du renseignement militaire.
Des rumeurs persistantes évoquent même une quasi-résidence surveillée au sein du palais présidentiel, où seules des visites soigneusement sélectionnées sont autorisées. Certains diplomates étrangers n’auraient plus eu accès au président depuis plus d’un an.
« L’Algérie vit un déséquilibre institutionnel profond », analyse une politologue occidentale du Moyen-Orient. « Quand un président élu est réduit à une fonction protocolaire et que le pouvoir devient opaque et militarisé, les tensions internes finissent tôt ou tard par éclater ».
