Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a annoncé mardi la reprise des activités du champ pétrolier de Heglig, infrastructure clé par laquelle transite l’essentiel du pétrole sud-soudanais, après son occupation par des forces paramilitaires.
Plus tôt ce mois-ci, les Forces de soutien rapide (FSR), milice soudanaise engagée dans un conflit armé contre l’armée régulière depuis avril 2023, ont pris le contrôle de Heglig. Ce site constitue le plus important gisement pétrolier du Soudan et représente un maillon central dans le traitement du pétrole destiné à l’exportation pour le Soudan du Sud.
Depuis son indépendance en 2011, Juba détient la majorité des réserves pétrolières autrefois partagées avec Khartoum. Toutefois, l’économie du jeune État reste étroitement dépendante d’un oléoduc stratégique reliant la frontière méridionale au port de Port-Soudan, sur la mer Rouge, une source de revenus indispensable.
Dans un communiqué officiel, la présidence sud-soudanaise a indiqué que l’ensemble des équipes techniques et d’ingénierie avaient regagné le site de Heglig et que la production y évoluait de manière satisfaisante.
Cette version est toutefois nuancée par une source gouvernementale soudanaise proche de l’armée, selon laquelle les discussions avec Juba autour de l’exploitation du champ pétrolier ont tourné court.
Un premier accord tripartite, conclu après la prise du site par les FSR, prévoyait que la sécurité de l’installation soit assurée par le Soudan du Sud. Mais les pourparlers suivants se sont heurtés à des désaccords concernant la répartition des bénéfices.
Depuis leur prise de contrôle, les FSR ont largement communiqué sur leur présence à Heglig, diffusant des images de combattants sur le site. Des vidéos relayées par leurs sympathisants affirment également que leur administration s’apprête à percevoir des recettes issues de l’exploitation pétrolière.
Bien que Juba adopte une position prudente et parfois ambiguë face aux factions soudanaises en conflit, la guerre a eu de lourdes répercussions sur ce pays déjà fragilisé. Les exportations pétrolières ont été perturbées, tandis que 2,4 millions de personnes ont fui vers la frontière sud-soudanaise, selon les Nations unies.
Enfin, même en cas d’entente entre les FSR et le Soudan du Sud, l’acheminement du pétrole demeure incertain sans l’aval de Khartoum. L’oléoduc traverse en effet presque intégralement des zones contrôlées par l’armée soudanaise avant d’atteindre Port-Soudan, ancien centre politique du pays sur la côte de la mer Rouge.
