Le temps aurait-t-il montré l’échec de l’armée fédérale du Nigéria face aux forces terroristes de Boko Haram ?
Frustrée par les piètres résultats de son armée, la population nigériane s’inquiète pour sa propre sécurité tandis que la classe politique multiplie les critiques contre les forces gouvernementales. Après plusieurs mois d’opérations d’envergure, l’armée nigériane ne semble pas être en mesure d’arrêter la progression de Boko Haram, ni même de libérer les centaines d’otages que le groupe détient jusque-là dans des endroits inconnus, et ce malgré l’écrasante majorité de l’armée, tant en moyens logistiques qu’humains.
D’après le rapport 2014 de l’Institut international d’études stratégiques (IISS), les forces nigérianes comptent 80.000 militaires et 82.000 paramilitaires. Cette année, le pays a alloué 20% du budget fédéral, soit 968 milliards de nairas (4,5 milliards d’euros) à la défense.
En revanche, selon les chercheurs, la secte islamiste compte environ 6000 à 8000 combattants et ses ressources proviennent essentiellement à des pillages et des rançons. Alors la classe politique et la population nigérianes ne comprennent pas comment les insurgés progressent-ils quasiment sans entrave, au point de contrôler des territoires entiers dans le nord du pays.
Le nouveau chef d’état-major de l’armée nigériane avait déclaré en janvier qu’il en serait fini de Boko Haram dans peu de temps. Mais cette semaine, le porte-parole de l’armée Chris Olukolade, tout aussi habitué des messages triomphalistes, a reconnu « les difficultés de l’armée en affirmant que la souveraineté du Nigéria était mise en question », ajoutant que « l’armée allait tous mettre en œuvre pour renverser la situation ». Des propos intervenus quelques instants après une interpellation de l’allié américain. Jeudi, en effet, la secrétaire d’Etat adjointe des Etats-Unis pour l’Afrique, Linda Thomas-Greenfield, avait déclaré que l’image des forces armées nigérianes était en jeu et que devant la gravité du danger que représentent les terroristes islamistes elles n’ont pas droit à l’erreur.