L’opposition a ouvertement accusé mercredi le parti au pouvoir de se servir de Boko Haram à des fins politiques et menace d’ores et déjà de remettre en cause la crédibilité des résultats des prochaines élections présidentielle et législatives prévues pour février 2015.
L’accusation a été faite par John Oyegun, le président de l’APC (Congrès progressiste), le principal parti d’opposition nigérian qui a tenu mercredi son premier meeting de campagne. Celui-ci soutient que la déroute de l’armée nigériane, qui est pourtant la plus importante de toute l’Afrique de l’ouest, dans les trois Etats du nord-est du Nigéria où l’insurrection islamiste s’est emparée d’une vingtaine de localités était voulue. En effet, ces Etats sont des bastions de l’opposition et la situation d’insécurité qui y prévaut actuellement rend particulièrement délicate l’organisation du scrutin.
A titre d’illustration, Tukur Sa’ad, le chef de la commission électorale indépendante pour l’Etat de Borno, fief historique de Boko Haram, a déclaré mercredi que le scrutin ne pourrait se tenir que dans 12 des 27 districts, ce qui ne représente que 52% des votants inscrits sur les listes électorales en 2010 dans cet Etat. L’annonce de mesures pour permettre aux nombreux déplacés de cette région qui ont fui les violences de Boko Haram de voter n’a pas suffi à calmer les inquiétudes de l’opposition. Celle-ci a déjà prévenu qu’elle contesterait la crédibilité des résultats si le vote se déroulait dans les mêmes conditions qu’actuellement.
Les trois Etats de Borno, de Yobe et de l’Adamawa, dans le nord-est du Nigéria où Boko Haram affirme avoir créé un califat islamique dans les zones sous son contrôle, sont les plus affectés par l’insurrection islamiste qui a déjà fait 13 000 morts depuis ses débuts en 2009. L’état d’urgence y est en vigueur depuis 18 mois et le président Goodluck Jonathan a soumis mardi au Parlement sa prolongation pour six mois supplémentaires.