L’arrestation récente par les services de sécurité algériens sur l’axe routier entre Biskra et Ouargla de Safi Eddin Al Mauritani, un terroriste mauritanien qui tentait de rejoindre le Mali, a permis de révéler un projet de rapprochement entre les Soldats du Califat et Al-Qaïda au Maghreb Islamique.
Selon l’interrogatoire du terroriste arrêté, le groupe des Soldats du Califat, qui a revendiqué l’assassinat fin septembre en Algérie du Français Hervé Gourdel, a dépêché de l’est d’Alger vers le Mali un émissaire, ancien dirigeant d’AQMI, qui aurait été mandaté pour négocier avec les différents groupes de l’émirat du Sahara leur adhésion aux Soldats du Califat qui eux-mêmes se réclament de l’EI.
Si ces négociations aboutissent, elles modifieront dangereusement la situation sécuritaire dans la région sahalienne. Pour le groupe des Soldats du Califat dont les combattants sont coincés dans les montagnes de Kabylie, ce sera une rupture de son isolement et il pourra envisager une expansion vers le Sahel qui représente un terrain idéal d’embrigadement des recrues, une zone d’entraînement et d’approvisionnement en armements et, selon la propagande terroriste, une nouvelle terre de djihad contre l’Occident.
Pour Al-Qaïda au Maghreb Islamique, un ralliement aux Soldats du Califat, et de ce fait à Daech, permettrait de garantir sa survie. Affaibli par de nombreuses dissidences, dont celle notable de Mokhtar Belmokhtar, l’AQMI est en phase de perdre son influence dans la région. Des informations concordantes font état de réunions de chefs terroristes dans le nord du Mali, notamment dans le massif des Ifoghas, pour étudier la possibilité de quitter la maison AQMI et faire allégeance à l’EI. La menace du rapprochement entre ces groupes est prise très au sérieux par les forces françaises qui seraient en ce moment à la recherche du fameux émissaire des Soldats du Califat.