De passage la semaine dernière à Genève, le ministre malien de la Justice Mahamadou Diarra a exhorté la communauté internationale à ne pas relâcher la pression sur les groupes islamistes alors que les signes d’une déstabilisation, plus particulièrement dans le nord, se font de plus en plus marquants.
Il y a quelques jours, sur un marché de Tichift dans le nord du pays, les miliciens d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) ont publiquement tué par balles puis décapité un Malien qu’ils soupçonnaient de jouer les informateurs pour le compte des militaires français de la force Barkhane. Ce fait sans précédent au Mali ressemble aux exactions commises par l’Etat islamique en Syrie, en Irak et en Libye pour faire régner la terreur et les experts redoutent une extension de ce mode opératoire dans le pays. Les attentats, notamment menés au moyen de bombes artisanales, se succèdent dans les marchés et dans les localités, de même que les attaques de convois.
.Mahamadou Diarra a multiplié les rencontres lors de son passage à Genève, où il s’était rendu pour une réunion du Conseil des droits de l’homme. Pour obtenir gain de cause, il n’a pas hésité à rendre les Occidentaux responsables de la dégradation sécuritaire dans la région qu’il lie à la chute du colonel Kadhafi qu’ils ont favorisée. Il a également accusé les élites européennes et même suisses d’avoir été complaisantes en soutenant ces dernières années les Touaregs du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad). L’amalgame qu’il fait entre rébellion et djihadistes a poussé le ministre malien à réclamer à la communauté internationale une action plus forte et plus radicale, notamment à travers à la Minusma, la Mission des Nations unies au Mali, ainsi qu’un soutien sur les plans de l’éducation et de l’emploi des jeunes pour déconstruire les idées propagées par les islamistes.