Tchad : un employé spécial de RFI expulsé sans ménagement

RFI (Radio France International) a  rapporté hier mercredi sur son site internet l’expulsion la veille au soir de son envoyé spécial au Tchad Laurent Correau. La radio française dénonce une expulsion brutale et sans explication ni document officiel.

Mardi soir, vers 22 heures, Laurent Correau était en train de diner avec Reed Brody, porte-parole de l’ONG internationale Human Rights Watch, au bord de la piscine de leur hôtel de N’Djamena, la capitale du pays, quand deux hommes se présentant comme des « agents de la police des airs et des frontières » sont venus signifier au journaliste « son expulsion du territoire tchadien ». Laurent Correau et Reed Brody ont réclamé un document officiel ainsi que l’identité des hommes et ont été violemment giflés quand le porte-parole de Human Rights Wathch a tenté de filmer leurs macarons. Laurent Correau a immédiatement été conduit à l’aéroport de N’Djamena et a pris place à bord d’un avion d’Air France à destination de Paris qui a décollé vers minuit. Il n’a pu parler à l’ambassadrice de France au Tchad qui s’était rendue à l’aéroport pour cette expulsion.

Au-delà de l’indignation et des protestations de RFI et de plusieurs autres médias étrangers, la situation autour de cette expulsion reste confuse. Après coup, des informations selon lesquelles le journaliste français n’aurait pas reçu d’autorisation écrite des autorités tchadiennes ont commencé à circuler. Ce à quoi le journaliste a répondu hier matin sur les ondes de RFI que, après avoir « effectué les procédures habituelles d’enregistrement » auprès des autorités, il avait clairement reçu de leur part l’autorisation verbale de se mettre au travail en attendant le document officiel, ce qui ne serait pas inhabituel, selon différents témoignages, aux pratiques habituelles dans ce pays. L’envoyé spécial de RFI était au Tchad depuis le 18 juin pour une série de reportages consacrés au procès de Hissène Habré, l’ancien président du Tchad qui comparait pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture, qui s’ouvre le 20 juillet à Dakar.