Le bilan du double attentat suicide de mardi dans le camp de déplacés de Dikwa, dans le nord-est du Nigeria, vient d’être connu et il est terrible: 58 morts selon les responsables nigérians qui ont communiqué ce bilan mercredi, un nouveau drame qui sonne comme un cinglant démenti pour le président Mohammadu Buhari.
Le camp de Dikwa est situé à moins de 100 km de Maiduguri, l’ancien fief du groupe terroriste Boko Haram dans le nord-est du pays. Le double attentat a été perpétré par deux femmes kamikazes qui ont déclenché leurs explosifs dans ce camp regroupant de nombreux nigérians ayant abandonné leurs foyers à cause de la violence aveugle du groupe islamiste.
Les divers camps de déplacés au Nigeria comptent plus de 2,5 millions de personnes, qui ont tout abandonné pour chercher un semblant de sécurité dans ces camps précaires. Pourtant, ils sont impitoyablement pourchassés par les rebelles islamistes jusque dans leur misérable exil. Une situation peu confortable pour le président Buhari qui persiste à prétendre que Boko Haram a été défait par l’armée et les forces de sécurité.
Cette énième attaque risque même de freiner les efforts du gouvernement d’Abuja qui tente d’organiser le retour dans leurs foyers de nombreux déplacés. Surtout que la troisième kamikaze qui a renoncé in extremis à déclencher sa charge d’explosifs dans le camps de Dikwa, a prévenu que Boko Haram préparait d’autres attaques de grande envergure dans la région.
Boko Haram, qui a fait allégeance à l’organisation Etat islamique (EI), mène depuis 2009 une insurrection sanglante dans le nord-est du Nigeria. Plus de 17.000 personnes ont été tuées et quelque 2,5 millions déplacées par ces violences qui n’épargnent pas les pays voisins, particulièrement le sud du Tchad, l’extrême nord du Cameroun et le sud du Niger. Et en dépit de la création d’une force régionale formée par les armées de ces pays, le groupe terroriste continue de sévir, précipitant toute la région dans l’insécurité.