La Libye verra-t-elle le bout du tunnel après l’arrivée, mercredi à Tripoli, du chef du gouvernement d’union nationale Fayez al-Sarraj et de plusieurs membres de l’exécutif parrainé par l’ONU pour tenter de sortir le pays du chaos politique et sécuritaire dans lequel il s’en enlisé depuis 2011 ?
Les circonstances dans lesquelles Fayez al-Sarraj et son équipe sont arrivés dans la capitale et le lieu de leur résidence sur une base navale laissent sceptiques de nombreux observateurs. De Tunis où ils étaient installés depuis plusieurs semaines, al-Sarraj et les membres de son cabinet ont dû emprunter la mer pour rejoindre la capitale. Le voyage a été tenu secret pour des raisons de sécurité évidentes.
Car, l’arrivée du gouvernement d’union parrainé par l’ONU n’arrange pas tout le monde en Libye. A commencer par les autorités qui ont le contrôle de la capitale, soutenues par les milices islamistes armées de Fajr Libya.
Ces dernières ont déclenché des explosions et des tirs provenant de systèmes de défense anti-aériens à Tripoli le mercredi 30 mars, soit le jour prévu pour l’arrivée du cabinet soutenu par la communauté internationale.
Quelques jours plus tôt, les autorités de la capitale ont fermé l’espace aérien à plusieurs reprises, allant jusqu’à décréter, le 25 mars, l’état d’urgence à Tripoli pour empêcher l’arrivée du cabinet de Fayez al-Sarraj.
Créé au terme de l’accord de Skhirat, qui a été signé au Maroc en décembre 2015 sous l’égide de l’ONU, le gouvernement d’union nationale regroupe diverses factions résolues à mettre fin au désordre dans le pays. Un chaos politique et sécuritaire provoqué par la division du pays entre deux parlements et deux gouvernements rivaux qui revendiquent la légitimé du pouvoir.
Après quatre ans de combats entre milices rivales, la Libye a progressivement glissé dans le désordre et l’insécurité généralisés. Une situation qui a favorisé l’enracinement des groupes alliés à l’organisation terroriste de l’Etat Islamique (EI) dans plusieurs régions du pays.
En plus de la menace que fait peser l’EI en Libye sur toute la région du Sahel et d’Afrique du Nord, l’Europe craint aussi une reprise des flux de migrants subsahariens, plus grave encore que la vague de 2014 et 2015.
L’absence d’autorité et le faible contrôle des côtes libyennes depuis la chute du régime de Kadhafi en octobre 2011, ont encouragé la prolifération des réseaux de passeurs de migrants clandestins.