Une source mauritanienne bien informée à Nouakchott a affirmé que le président Mohamed Ould Abdel Aziz était embarrassé par l’ampleur de l’opposition à son projet de référendum pour la suppression du Sénat, et qui a fait descendre dans les rues de la capitale samedi, des milliers de mauritaniens.
Au motif que la deuxième chambre du Parlement allonge les procédures et alourdit le « processus d’adoption des lois », le président Ould Abdelaziz avait appelé, le 3 mai, à la suppression du Sénat constitué de 58 membres. Il a toutefois tenu à convier la classe politique pour « un dialogue autour de cette question qui sera par la suite soumise à un référendum constitutionnel ».
Mais le chef d’État mauritanien a manifestement sous-estimé la capacité des partis d’opposition à résister à son initiative controversée. Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) n’a ainsi eu aucun mal à mobiliser la rue, selon la même source.
Les dix partis politiques, en plus des syndicats et organisations de la société civile composant le FNDU considèrent le projet d’Ould Abdelaziz comme une manœuvre pour modifier la Constitution en vue de briguer un troisième mandat présidentiel.
D’ailleurs, les manifestants à Nouakchott brandissaient des slogans franchement hostiles à la prorogation des mandats, insistant sur le fait que « la constitution est une ligne rouge ».
Jusqu’à présent, le chef d’État n’a pas exprimé personnellement son intention de se représenter pour un troisième mandat. L’ancien général arrivé au pouvoir en 2008 à la suite d’un coup d’État, s’est fait élire en 2009, puis en 2014 pour cinq ans.
Toutefois, au moins trois ministres ont explicitement invité les mauritaniens à sérieusement envisager la prorogation des mandats présidentiels. Le ministre de l’Intérieur sillonne ainsi les provinces pour exhorter la population à réclamer un troisième mandat pour le président Mohamed Abdelaziz. Un climat qui ne fait qu’envenimer les relations déjà tendues entre le chef de l’État et l’opposition.