Après plusieurs mois de retard, en raison notamment des incertitudes liées aux cours du pétrole, le président nigérian Muhammadu Buhari a finalement promulgué le budget 2016 qui se monte à plus de 26 milliards d’euros, et est conçu pour diversifier l’économie et relancer l’investissement dans le pays.
Ce budget est en hausse de 44% par rapport à 2015 et atteint ainsi un niveau record dans l’histoire du pays. Il prévoit une augmentation des dépenses publiques de 20%, financée en grande partie par des emprunts. Il s’agit de fonds dédiés à l’investissement dans de nouvelles infrastructures comme les réseaux routiers et énergétiques, ce dont le pays a besoin cruellement.
Ce budget record repose sur l’hypothèse d’un cours moyen du brut estimé à 38 dollars pour une production journalière projetée de 2.2 millions de barils, d’une part, et d’autre part sur des projections d’une hausse d’environ 46% des recettes hors hydrocarbures.
Dépendant à 75% des revenus de l’or noir, le Nigeria a été durement affecté par l’effondrement des cours du pétrole. Ce sont d’ailleurs des erreurs et des hypothèses avancées du cours du pétrole jugées irréalistes qui ont été à l’origine des retards de l’approbation du budget par le président nigérian. Une première mouture du budget avait ainsi été rejetée en décembre dernier, notamment pour des prévisions jugées trop optimistes quant à l’évolution des cours de l’or noir. Muhammadu Buhari a décidé de miser sur la dynamisation de l’agriculture et du secteur industriel pour diversifier l’économie et ainsi sortir le Nigeria de sa dépendance au pétrole et relancer l’activité.
L’importance des dépenses publiques sera également un test de taille pour le président nigérian qui a fait de la lutte contre la corruption une autre de ses priorités. Mais l’importance accordée aux dépenses publiques menace de creuser davantage encore le déficit du pays. Fin avril, l’agence de notation Moody’s a baissé d’un cran la note souveraine du pays de Ba3 à B1 avec « perspective stable » notant toutefois un niveau d’endettement relativement faible à 16% du Produit Intérieur Brut.