La Libye est sur le point de s’enfoncer un peu plus encore dans le chaos. Les troupes du général Khalifa Haftar, chef autoproclamé de l’armée liée au gouvernement non reconnu basé dans l’est du pays, ont lancé dimanche une offensive surprise contre les forces fidèles au GNA, le gouvernement d’union nationale libyen, s’emparant des terminaux d’al-Sedra et de Ras Lanouf, les plus importants du pays.
Le GNA, le gouvernement dirigé par le premier ministre Fayez Al-Sarraj et reconnu par la communauté internationale, a immédiatement appelé ses forces à reprendre ces terminaux, faisant craindre une escalade de la violence.
Les GIP, les Gardes des installations pétrolières, une milice qui assure la sécurité des terminaux et qui a rejoint les forces fidèles au GNA, ont été surprises par les forces du général Haftar qui avaient utilisé avions et artilleries. Les combats auraient fait plusieurs morts et blessés et se poursuivraient encore. Selon le porte-parole des forces du général Haftar Ahmad al-Mesmari, ils se concentreraient actuellement autour du port de Zoueitina.
Le GNA a appelé les forces pro-Haftar à se retirer « de tous les sites attaqués » et les forces qui lui sont fidèles à se rendre dans la région du Croissant pétrolier, la région du nord-est du pays qui regroupe l’essentiel des infrastructures économiques du pays, pour reprendre les terminaux pétroliers. La perte des installations pétrolières affaiblirait davantage le GNA, le privant d’importants revenus.
Ces combats sont les premiers affrontements militaires entre les deux camps depuis l’installation en mars à Tripoli du GNA, qui n’est depuis pas parvenu à asseoir son autorité dans le pays malgré le soutien des Nations unies. L’émissaire onusien pour la Libye Martin Kobler s’est déclaré « préoccupé » par les combats qui devraient selon lui « accentuer les divisions » entre Libyens. L’incapacité de la Libye à sortir de la crise inquiète également les pays européens, confrontés à l’afflux des migrants traversant la Méditerranée depuis le littoral libyen.