La bousculade géante qui aurait fait au moins 50 morts dimanche dans la région d’Oromia dans un tragique mouvement de foule causé par des tirs de sommation des autorités locales dans le but de disperser des opposants au régime, est révélatrice de la tension qui persiste entre le pouvoir central et les groupes ethniques s’estimant lésés.
Plusieurs milliers de personnes s’étaient rassemblées dimanche à l’occasion de la fête religieuse d’Ireecha dans la ville de Bishoftu, située à une quarantaine de kilomètres au sud de la capitale. Après un début relativement calme, certains participants ont commencé à scander des slogans hostiles au régime éthiopien.
Plusieurs d’entre eux sont même allés jusqu’à brandir des drapeaux d’un groupe rebelle, ce qui aurait irrité les responsables sécuritaires. Afin de stopper cette cérémonie qui a pris des allures de manifestation politique, les forces de police ont tenté de disperser la foule en tirant des coups de sommation.
Ce serait justement ces coups de feu qui ont provoqué le mouvement de foule. Le nombre de victimes de cette bousculade reste encore approximatif. Toutefois, les autorités locales confirment la mort d’au moins 50 personnes. Un chiffre largement minoré d’après les mouvements politiques d’opposition. Selon eux, ce serait plus de 100 personnes qui auraient péri lors de la bousculade de dimanche.
Des activistes originaires de la région d’Oromia ont directement condamné cet incident en appelant sur les réseaux sociaux à « cinq jours de colère » en réponse à l’action armée des forces de l’ordre. Afin de contrer ce mouvement de révolte naissant, le gouvernement éthiopien aurait d’ores et déjà renforcé la présence des forces de l’ordre dans la région d’Oromia.
Depuis maintenant plusieurs mois, le gouvernement éthiopien dirigé par le Front de Libération du Peuple du Tigré (FLPT) est confronté à des mouvements de contestation répétitifs qui menacent sa stabilité à long terme, ce qui explique en partie la réaction à fleur de peau des autorités. Et la décision du gouvernement à Addis Abeba de décréter un deuil national de trois jours qui a commencé ce lundi, ne sera pas suffisante pour masquer la tension sociale persistante, estiment les observateurs.