Les relations entre le Rwanda et le Maroc semblent faire un bond en avant avec le déplacement, mardi et mercredi, du roi Mohammed VI dans la capitale rwandaise, une visite destinée à dynamiser la coopération entre les deux pays et qui s’inscrit dans une tournée du souverain marocain dans deux autres pays de l’Afrique orientale: la Tanzanie et l’Ethiopie.
Dans ce déplacement, le souverain chérifien est accompagné d’une forte délégation composée de membres du gouvernement et d’autres officiels. Des hommes d’affaires ont également fait le voyage, qui s’est traduit par la conclusion de toute une série d’accords commerciaux et économiques, embrassant des domaines aussi variés que la coopération bancaire et financière, le BTP, les énergies renouvelables, etc.
Malgré l’éloignement géographique, le Rwanda et le Maroc partagent de nombreux points en communs. Leurs économies respectives ont connu une croissance soutenue depuis le début des années 2000 et, malgré les remous politiques et sécuritaires qui ont secoué leurs sous-régions respectives, les deux pays ont préservé leur stabilité et leur résilience économique.
Pour les observateurs, cette tournée revêt une importance particulière pour le Maroc qui est présent sur divers fronts en Afrique. En plus des aides humanitaires et logistiques qu’il apporte aux pays sahéliens les plus démunis, le royaume chérifien offre également son soutien sécuritaire aux pays qui en font la demande.
La coopération économique avec les pays africains est également un des axes stratégiques de la politique africaine du Maroc. Les grandes entreprises du pays sont en effet établies dans de nombreux Etats d’Afrique de l’Ouest et du Sahel. La visite de cette délégation marocaine à Kigali offre donc une alternative pour les investisseurs marocains de se déployer en Afrique de l’Est.
Au niveau politique, la tournée de Mohammed VI dans ces pays anglophones d’Afrique intervient alors que le Maroc a officiellement demandé, en septembre, à réintégrer l’Union Africaine. En 1984, Rabat avait quitté l’OUA, l’ancêtre de l’actuelle UA, pour protester contre l’admission de la république sahraouie (Rasd), une entité autoproclamée par le Polisario avec le soutien de l’Algérie, mais non reconnue ni par l’Onu ni par aucune grande capitale dans le monde.
La décision du Maroc de réintégrer l’organisation panafricaine a fait réagir la ministre rwandaise des Affaires étrangères. « Le moment pour le Maroc de rejoindre ses frères et ses sœurs est venu », a déclaré Louise Mushikiwabo. « Ce qui fait que le Maroc est absent depuis l’année 1984, tout cela pour le Rwanda, ça peut se discuter, ça peut faire partie d’une discussion au niveau de la famille africaine », a insisté la chef de la diplomatie rwandaise.