Le parlement burkinabè a levé jeudi l’interdiction qui était opposée aux militaires depuis juin 2015 de briguer des fonctions politiques, une décision qui pourra permettre à de nombreux hauts gradés de prétendre à des postes au sein du gouvernement.
Plus d’un an après le coup d’État manqué à Ouagadougou, les députés burkinabés ont fait machine arrière jeudi en adoptant un amendement qui autorise désormais les membres des forces armées à accéder aux responsabilités politiques.
Marquée par les expériences passées, l’Assemblée parlementaire mise en place après la chute du régime de l’ex-président Blaise Compaoré, avait interdit dès juin 2015 l’implication en politique des hauts gradés de l’armée.
Cette décision avait été critiquée durant plusieurs mois, du fait de l’omniprésence dans la sphère politique des personnalités issues de l’armée. Le conseil National de Transition, avait en effet adopté cette résolution afin de maquer une ligne de séparation entre la politique et l’armée.
L’institution chargée de mettre en place un nouveau gouvernement avait pris cette décision afin d’éviter que la politique ne tombe entre les mains de l’armée, dont l’un des objectifs premiers est de garantir la sécurité des citoyens.
Selon les observateurs, le Conseil National de Transition avait pris cette mesure dans le but d’éviter qu’un haut gradé de l’époque ne puisse prendre le contrôle du pouvoir politique et bloquer ainsi toutes les chances d’une transition réussie. Cette loi n’avait pourtant pas empêché le général Diendéré et les forces du Régiment de Sécurité Présidentielle de tenter un coup d’Etat en septembre 2015.
L’abrogation de ce texte a donc été vivement critiquée par une partie de l’opinion qui craint de voir dans les mois qui suivent de nouvelles tentatives de coups d’État. De l’autre côté, nombreux sont ceux qui voient en cette abrogation l’espoir de l’accession de militaires aguerris en politique afin de redresser le pays.