Après l’inauguration samedi du barrage le plus haut d’Afrique, le gouvernement Ethiopien fait face à un vent de révolte concernant ce projet censé doubler la capacité énergétique du pays, mais qui d’un autre côté représente une sérieuse menace pour la nature.
Situé à environ 350 kilomètres au Sud d’Addis-Abeba, le barrage Gibe III, haut de 243 mètres a été officiellement lancé samedi. Doté d’une centrale hydroélectrique, cette infrastructure gigantesque permettra à terme de fournir près de 1900 mégawatts supplémentaires à l’Ethiopie. Le barrage permettra ainsi au pays de devenir autosuffisant en matière d’énergie et pourra même exporter son surplus vers les pays voisins.
Toutefois, malgré tous les bénéfices engendrés par Gibe III, les détracteurs du projet estiment que la construction de cette retenue d’eau bouleversera à jamais le mode de vie des populations locales. Le barrage menace également d’assécher un lac kényan situé en aval du fleuve Omo et qui a été classé patrimoine mondial de l’UNESCO.
Outre ces inconvénients, les opposants au lancement de Gibe III s’insurgent contre le mode de financement qui a été adopté par le gouvernement Ethiopien pour la construction de ce barrage. En effet, 60% du montant total de ce projet, soit près de 900 millions d’euros, ont été empruntés auprès de la banque chinoise China Exim Bank.
Mais, le remboursement de ce prêt se fera graduellement pendant plusieurs années, ce qui n’est pas pour déplaire à la population locale qui voit son niveau de vie stagner. Ne disposant ni de ressources fossiles ni d’une économie puissante, l’Ethiopie, l’un des pays les plus pauvres du monde, a fondé sa croissance sur son important potentiel en matière d’énergies renouvelables.
Plusieurs projets comme celui de Gibe III verront ainsi le jour dans les prochaines années. Le barrage de la « Grande Renaissance », un autre projet controversé en construction sur le Nil Bleu, devrait à terme fournir près de 6 Gigawatts.