Un influenceur algérien, expulsé jeudi après-midi vers l’Algérie, a finalement été renvoyé en France le même soir après que les autorités algériennes lui ont interdit l’entrée sur leur territoire. Cet incident survient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre la France et l’Algérie.
L’individu, identifié sous le pseudonyme « Doualemn », âgé de 59 ans, avait été placé en rétention administrative (CRA) à Nîmes depuis mardi. Il avait été interpellé à Montpellier à la suite de la diffusion d’une vidéo sur TikTok incitant à la violence. Bien qu’il ait été initialement dirigé vers l’Algérie jeudi après-midi, les autorités algériennes ont refusé de l’accepter sur leur territoire. Le ministère de l’Intérieur français a confirmé ce rejet et précisé que l’influenceur a été transféré au CRA du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, dans la soirée.
L’avocat de l’influenceur, Jean-Baptiste Mousset, a déclaré que son client avait été « rejeté par les autorités algériennes » et qu’il était désormais « sur un vol retour vers Paris ».
La vidéo à l’origine de l’interpellation, signalée par le maire de Montpellier et le préfet de l’Hérault, n’avait pas directement appelé au meurtre, mais prônait la « correction » d’une personne supposée résider en Algérie. Le procureur de la République de Montpellier, Fabrice Belargent, a néanmoins précisé que cette vidéo constituait un « appel à la torture » à l’encontre d’un opposant au régime algérien, justifiant ainsi l’expulsion de l’influenceur, selon le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch.
Le même jour, une autre influenceuse franco-algérienne, Sofia Benlemmane, a été placée en garde à vue à Lyon. Elle est accusée d’avoir diffusé des messages de haine et de menaces de mort contre des internautes, mais aussi contre ceux qui s’opposent au gouvernement algérien. Benlemmane, qui comptait plus de 300 000 abonnés sur TikTok et Facebook, est notamment responsable de menaces telles que « Nique ta mère toi et ta France » et « j’espère qu’ils vont te tuer », lancées à une autre femme en septembre.
Ancienne footballeuse, Benlemmane avait été condamnée en 2001 à sept mois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction de stade pour avoir envahi la pelouse du Stade de France lors d’un match France-Algérie. Par le passé, elle avait exprimé des critiques sévères envers le président algérien Abdelmadjid Tebboune, mais elle a depuis changé de discours et affiché son soutien au gouvernement algérien.
D’autres influenceurs ont également été interpellés ces derniers jours. Youcef A., alias « Zazou Youssef », âgé de 25 ans, a été arrêté à Brest le 3 janvier et sera jugé le 24 février pour apologie du terrorisme. Il encourt jusqu’à sept ans de prison. Imad Tintin, 31 ans, a été placé en garde à vue samedi à Grenoble après la diffusion d’une vidéo dans laquelle il incitait à « brûler vif, tuer et violer sur le sol français ». Il sera jugé le 5 mars pour provocation à des actes de terrorisme.
La préfecture du Rhône a également révélé avoir signalé trois autres influenceurs basés à Lyon, dont Sofia Benlemmane, ainsi que « Abdesslam Bazooka » et « Laksas06 ». Le parquet de Lyon a ouvert deux enquêtes, l’une pour « provocation à la commission d’un crime ou d’un délit », l’autre pour « menaces de mort et provocation à la haine publique ».