Le parlement nigérian a voté jeudi une motion spéciale accordant l’asile politique au président Yahya Jammeh, dans une démarche visant à fournir un moyen de sortie pacifique au président gambien qui s’accroche au pouvoir malgré la victoire de son opposant Adama Barrow à l’élection présidentielle de décembre dernier.
Le vote de ce texte parlementaire intervient à la veille du déplacement officiel du dirigeant nigérian Muhammadu Buhari en Gambie. Le président du Nigeria ainsi que ses homologues du Liberia et de la Sierra Leone tentent depuis quelques semaines de désamorcer la crise post-électorale qui se poursuit en Gambie.
Mandatés par la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les trois dirigeants africains ont pour mission de convaincre Yahya Jammeh d’accepter le verdict des urnes du 1er décembre 2016, donnant la victoire à Adama Barrow. LA CEDEAO avait d’ailleurs annoncé début janvier la possibilité d’une intervention militaire en Gambie si Yahya Jammeh refuse de céder le pouvoir.
Malgré la pression toujours plus grande de la communauté internationale, le dirigeant gambien pourrait refuser l’offre nigériane de l’accueillir. Car en 2003, le pays le plus peuplé d’Afrique avait proposé l’asile politique au seigneur de guerre libérien Charles Taylor pour mettre fin à la guerre civile qui ravageait la Sierre Leone depuis 1989.
Mais trois ans plus tard, sous la pression de la communauté internationale, les autorités nigérianes avaient été contraintes de le remettre à la justice internationale. En 2013, Charles Taylor a été condamné à cinquante ans de prison ferme. Un scénario qui est resté dans les mémoires des dirigeants africains et qui pourrait fortement orienter le choix de Yahya Jammeh.
Le « processus de réconciliation » lancé par les pays de la CEDEAO en direction de la Gambie promet donc d’être long et difficile. De nombreux observateurs estiment que la date butoir du 19 janvier prochain, jour de fin de mandat du président Yahya Jammeh, sera une épreuve tant pour les pays de la région que pour le clan de Yahya Jammeh.