Somalie: Les coulisses de la victoire de Farmajo

Attendu depuis plus de six mois, le scrutin présidentiel en Somalie a connu mercredi une issue quelque peu surprenante, puisque c’est l’ancien Premier ministre Mohamed Abdullaho Farmajo qui a remporté le vote.

Ce féru de la politique a obtenu 184 voix, soit légèrement plus de la moitié des 347 députés et sénateurs qui ont voté lors de ce scrutin. Sa victoire en a donc surpris plus d’un. Connu de longue date pour son caractère particulier, il a été souvent la cible de critiques, non seulement de la part de la classe politique somalienne, mais aussi par un certain nombre de diplomates étrangers.

Les critiques se focalisent sur la question relative aux extrémistes islamistes armés Shebab. Abdullaho Farmajo avait, à plusieurs reprises, jugé négativement l’intervention de l’Amisom, la Mission de l’Union Africaine en Somalie. Lorsqu’il était premier ministre, il avait notamment émis des critiques contre l’Amisom, l’Ethiopie et les Etats de la région, les accusant d’ingérence dans le conflit somalien.

Pourtant, ce serait sa réticence vis-à- vis des interventions militaires étrangères qui aurait paradoxalement été le principal facteur ayant fait pencher la balance de son côté. La majorité des députés et sénateurs qui ont voté pour lui ont en effet une opinion similaire à la sienne sur la question sensible des rebelles Shebab et de l’intervention étrangère en Somalie.

Âgé de 55 ans, Mohamed Abdullaho Farmajo est issu du clan Darod, une des principales tribus de Somalie. Son accession à la présidence somalienne intervient alors que le pays reste sous la  menace des attaques terroristes. Les opérations armées menées par la mouvance djihadiste Shebab ont fait des dizaines de milliers de morts et poussé à l’exil des centaines de milliers de somaliens.

Et si pour l’instant, le programme de Farmajo n’est pas encore connu avec précision, plusieurs spécialistes estiment que des changements d’envergures pourraient être entrepris par l’ancien premier ministre devenu président. « On a un petit Trump en Somalie », a par exemple lancé un spécialiste de la Corne de l’Afrique à l’issue de son élection.