Quatre fonctionnaires français, accusés d’espionnage et détenus depuis un an au Burkina Faso, ont été libérés grâce à l’intervention du Maroc, qui a joué le rôle de médiateur. Cette annonce a été faite jeudi par les autorités françaises et marocaines, soulignant la récente réconciliation entre Paris et Rabat. La France a exprimé sa reconnaissance envers le roi Mohammed VI pour son rôle dans la résolution de ce dossier sensible, qui était resté bloqué pendant longtemps en raison des relations tendues entre Paris et Ouagadougou.
Le président français Emmanuel Macron a remercié personnellement le roi du Maroc lors d’une conversation téléphonique le 18 décembre, soulignant l’importance de la médiation marocaine dans la libération des quatre Français. Selon l’Élysée, le président a exprimé sa gratitude envers le souverain marocain pour sa contribution à la réussite de cette médiation.
De son côté, le ministère marocain des Affaires étrangères a précisé que cet acte humanitaire avait été rendu possible grâce à « l’excellence des relations » entre le roi Mohammed VI et le président burkinabé Ibrahim Traoré, ainsi qu’aux liens de longue date entre le Maroc et le Burkina Faso.
Les quatre hommes, accusés par les autorités burkinabè d’être des agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), avaient été arrêtés à Ouagadougou le 1er décembre 2023. Une source diplomatique française avait alors précisé qu’il s’agissait de fonctionnaires détenteurs de passeports diplomatiques et de visas, et avait rejeté les accusations d’espionnage, affirmant qu’ils étaient présents au Burkina Faso pour des missions de maintenance informatique.
Depuis leur arrestation, les autorités françaises s’étaient montrées discrètes sur l’évolution du dossier. La libération des quatre Français marque un tournant dans la relation entre Paris et Ouagadougou, qui avait été marquée par des tensions persistantes.
Cette médiation intervient dans un contexte de rapprochement entre la France et le Maroc, après une période de tensions diplomatiques. En octobre dernier, le président Macron avait effectué une visite d’État au Maroc, marquant la fin de trois années de crise.
La France avait ouvert la voie à un réchauffement bilatéral en apportant son soutien renforcé au plan d’autonomie marocain sur son Sahara occidental, considérant qu’il s’agissait de « la seule base » permettant de résoudre le conflit de près de cinquante ans qui oppose le Maroc aux terroristes du Front Polisario, soutenus financièrement et militairement par le régime militaire algérien.
Cependant, ce rapprochement entre Paris et Rabat pourrait engendrer des tensions diplomatiques avec Alger, qui s’est récemment opposée fermement aux positions de la France concernant le Sahara occidental. En décembre, le ministère algérien des Affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour lui adresser « une sévère mise en garde », l’accusant d’avoir mené des « opérations et manœuvres agressives » pour déstabiliser l’Algérie.