Le Mozambique traverse une crise électorale dévastatrice ayant fait au moins 130 victimes, dans l’attente de l’officialisation des résultats des élections du 9 octobre. Le principal opposant, Venancio Mondlane, a averti qu’il provoquerait le « chaos » si ces résultats, qu’il juge probablement validés, étaient approuvés. Depuis l’étranger, Mondlane, qui revendique la victoire contre le parti historique au pouvoir, a donné un ultimatum au Conseil constitutionnel, lui accordant jusqu’à lundi pour approuver les résultats.
Lors d’une de ses interventions régulières sur les réseaux sociaux, qui a depuis cumulé plus de 2,4 millions de vues sur Facebook, l’ex-candidat à la présidence a averti : « Le pays est entre vos mains ». Il a mis en garde contre un « mensonge électoral », précisant que, dans ce cas, le Mozambique, déjà l’un des pays les plus pauvres du monde, sombrerait « dans le précipice, le chaos et le désordre ». Mondlane a exprimé son « pessimisme » face à la décision attendue.
Johann Smith, analyste en risques politiques à Maputo, a prédit que si le Conseil constitutionnel validait les élections comme « libres et équitables », une issue qu’il estime probable à 100%, cela entraînerait des violences.
Face à cette situation tendue, les États-Unis ont élevé vendredi leur niveau d’alerte aux voyageurs à 3 sur 4, conseillant de « reconsidérer les déplacements », tandis que Mozal Aluminium, le plus grand employeur industriel du pays, a annoncé la mise en place de plans d’urgence en cas de troubles post-annonce des résultats.
Mondlane a d’ores et déjà appelé à une paralysie générale du pays lundi, espérant que son appel sera entendu, à l’instar de ceux lancés au cours des deux derniers mois. De nombreux Mozambicains, sur les 33 millions d’habitants, nourrissaient l’espoir que ces élections marqueraient la fin du règne du Frelimo, au pouvoir depuis l’indépendance du Portugal en 1975. Cependant, la commission électorale a proclamé la victoire de Daniel Chapo, candidat du Frelimo, avec 71% des voix, contre seulement 20% pour Mondlane, qui conteste ces résultats, affirmant avoir obtenu 53% des suffrages d’après son propre comptage parallèle.
Indignés par les nombreuses irrégularités relevées par les observateurs internationaux, ainsi que par l’assassinat de deux figures de l’opposition la veille de l’annonce de la victoire du Frelimo, les partisans de Mondlane ne comptent pas se laisser faire.