Les importants mouvements de contestation qui ont secoué mardi plusieurs villes égyptiennes en protestation contre la hausse du prix du pain, rappellent que le vent de la révolte ne s’est pas totalement essoufflé après les événements de 2011 et 2013 lorsque des millions de personnes sont sorties dans la rue pour demander un changement de régime.
Même si ces manifestations sont différentes des précédentes et que leur ampleur n’est pas aussi grande que celle qui a destitué respectivement Hosni Moubarak et Mohammed Morsi en 2011 et 2013, les risques de voir le pouvoir d’Al Sissi tanguer est réel.
Des milliers de personnes ont en effet défilé mardi dans plusieurs villes égyptiennes. Cela a notamment été le cas à Alexandrie, grande ville du nord du pays où des dizaines de milliers de personnes en majorité des femmes, ont battu le pavé pour demander une baisse du prix du pain.
Ces manifestations populaires trouvent leur source dans la brusque augmentation du prix du pain. En novembre dernier, le gouvernement du président Al Sissi avait pris une série de mesures afin de se conformer aux exigences du FMI qui lui accordera bientôt des plans d’aides financiers.
Parmi ces mesures, les autorités égyptiennes ont notamment décidé de la libéralisation du taux de change de la livre sur les marchés internationaux. Cette décision a eu pour conséquence de dévaluer la monnaie nationale égyptienne par rapport à l’euro et au dollar.
Conséquence directe, les importations de blé sont devenues plus coûteuses. Cela a donc fait augmenter le prix unitaire du pain à près de 65%. Une catastrophe pour les catégories populaires dont les revenus n’ont pas augmenté et qui doivent en plus faire face à une crise touristique grave.
Pour le moment, ces émeutes du pain ne concernent que certaines villes et n’ont pas été suivies par des mouvements politiques. Néanmoins, la politique peut vite se mêler à l’inflation et les observateurs redoutent un impact sur la poursuite des réformes initiées par le régime d’Al Sissi.