Avec 10,7 milliards de dollars de dépenses militaires pour l’année 2016, l’Algérie arrive en tête des pays africains dépensant le plus pour leur armement, une situation qui intrigue les observateurs tant sur la stratégie à long terme des généraux algériens que des responsables politiques qui dépensent sans compter alors que le pays est confronté à des difficultés structurelles.
L’institut International de Recherche sur la Paix (SIPRI) a publié cette semaine son rapport sur les dépenses militaires au niveau mondial. Il en ressort que l’Algérie est le 5e plus grand importateur d’armes au monde et premier en Afrique entre 2012 et 2016.
Elle dépense en effet trois fois plus que son voisin et éternel rival, le Maroc. Le Royaume n’a alloué qu’un budget de 3,3 milliards de dollars pour l’année 2016, un chiffre trois fois mois important que celui de l’Algérie.
Sachant que la tension entretenue avec le Maroc est la raison principale qui laisse l’Algérie débloquer autant de fonds pour s’armer, les observateurs estiment que le pouvoir à Alger maintient délibérément ce gap entre les deux pays pour s’assurer de surpasser militairement Rabat.
Les deux pays se vouent une animosité réciproque à cause de l’affaire du Sahara Occidental, la région Sud du Maroc revendiquée par le Polisario, un mouvement séparatiste armé et soutenu par l’Algérie. Mais si Alger s’applique à maintenir son avance stratégique en termes d’armements, les dirigeants algériens ne font pas forcément les bons choix.
En effet, le pouvoir algérien n’hésite pas à sortir les grands moyens en faisant des appels d’offres internationaux à neufs chiffres pour l’acquisition d’armements dernier cri. Pétrodollars aidant, la quasi majorité des équipements militaires sont achetés dès leur sortie d’usine.
Une situation qui diffère largement de celle du Maroc, démuni en ressources pétrolières et gazière, mais dont la force de l’économie réside dans sa diversité et son dynamisme. C’est pourquoi Rabat reste plus regardant sur les prix et les dépenses militaires. Le Royaume privilégie une approche plus modeste, n’hésitant pas à souscrire à des programmes d’aides militaires.
Le Maroc a ainsi fait appel à plusieurs reprises aux Etats Unis pour qu’ils lui livrent des véhicules militaires usagés, en contrepartie d’une somme symbolique. Pour des résultats quasi similaires, l’Algérie peut dépenser plusieurs centaines de millions de dollars alors que le Maroc se contentera de seulement un dizaine pour la livraison et la révision.